« Le propos d’un voyage est d’explorer et partager, échanger et rencontrer. Au-delà du tourisme de masse qui reste le pilier de l’industrie touristique,notre pays est en train de se préparer à accueillir un voyageur en recherche d’expériences, de culture et d’authenticité non plus seulement un touriste.C’est par le tourisme que nous valorisons nos potentiels naturels, culturels, économiques, humains… Nous créons des emplois et garantissons
l’ouverture du pays » Voici comment le Ministre du Tourisme et de l’Artisanat, répond quand on évoque la question de la stratégie du tourisme et de sa durabilité. Par Amel DJAIT
La diversification des régions et des produits touristiques est un énorme défi qui traîne depuis plus de trois décades. La « révolution » n’a pas arrangé la situation. Avec le passage de tous les indicateurs du secteur au vert, le passage de l’hôtellerie au tourisme enregistre enfin des frémissements.
Le tourisme alternatif en Tunisie frétille
Des projets ensevelis resurgissent, la confiance revient et des investisseurs regardent à nouveau vers un secteur où tout est quasiment à refaire. Une autoroute royale s’ouvre quand on
sait capter l’intérêt. René Trabelsi et ses équipes ne se contentent pas de les saisir.Ils les provoquent.
Diversification des produits touristiques
La région du Nord-Ouest est propice à cette nouvelle quête du tourisme. Par ses fréquents déplacements, le ministre soutient et oriente, propose et provoque un regard certain sur un bout de terre posé sur les côtes de la
Méditerranée et sereinement lové aux pieds des montagnes de la Kroumirie.
Raconter la transformation d’une région n’est pas aisé, surtout quand celle-ci se fait par petites touches et avec les énergies bouillonnantes d’une jeunesse qui vogue au gré des vagues. Les histoires ne se ressemblent pas et pourtant se suivent et aspirent à plus de développement et de prospérité. Toutes s’apparentent au ruissellement de l’eau, à la danse des cigognes qui reviennent au nid où elle est sont nées. Chez elles, là où elles ont éclos et aiment se reposer. Car la région est envoûtante. Et c’est ce charme que l’on veut partager avec les visiteurs et voyageurs.
Tabarka, Dougga, Chemtou, Ain Drahem, Beni Mtir
Dans la région, le risque est de prendre racine comme les chênes zen dans des terres de soleil et de lumière, de liège et de myrte, de fruits de mer et de miel. Une terre chargée d’histoire répertoriant au patrimoine mondial de l’UNESCO deux sites d’exception. Une mer affichant des plages aussi sauvages que Cap Negro ou Melloula . Des fonds marins s’affichant au hit-parade des plus beaux spots de plongées du monde. Des montagnes offrant des sentiers de randonnée pour se délecter d’instants de paix retrouvée…
La Khroumirie est infiniment passion…
Découvrir une région ne saurait se faire sans une rencontre, une vraie avec ses populations. Celles-là même qui portent un festival comme “HELMA” et auquel le Ministère du Tourisme a doublé le budget et rajouté au calendrier de Tabarka certes, un événement moins jazzy mais tout autant festif !
Pêche à la langouste, Helma, les pipes de bruyères et le golf à Tabarka
Sur les routes de la région, les troupeaux de chèvres font partie du paysage. En mer, les pêcheurs s’activent à la pêche à la langouste ou dans les barrages d’eau douce, ils attrapent des carpes et des sandres.
Pour René Trabelsi, événementiel est primordial : « Il ne se passe pas une semaine où le tourisme n’est pas impliqué dans l’organisation de festivals, d’invitations presse ou de célébrités… Nous sommes sur tous les fronts en Tunisie et à l’international. Profiter du passage de Monica Bellucci ou encore soutenir Mohamed Ali Kammoun et son spectacle 24 parfums à l’Olympia à Paris est important pour l’image et pour ne plus laisser des informations négatives remplir l’espace. Nous devons partager notre quotidien avec le monde et même si celui-ci n’est pas facile tous les jours, nous sommes un pays qui se construit, qui avance ».
C’est ainsi qu’un été 2019 prospère redonne du tonus. Même si Tabarka reste en deçà de la frénésie d’une saison fortement réussie, la vie reprend ses droits. Après l’ouverture du free shop de Melloula, ce sont des gîtes ruraux et des maisons d’hôtes, le terrain de golf de la ville et son aéroport qui rouvrent. Dans sa stratégie de soutien à la région, le ministère a choisi Beni Mtir comme nouvelle municipalité touristique. Cela permet à la destination d’avoir des fonds complémentaires, de la visibilité et de l’investissement. La réhabilitation du circuit touristique dynamise l’activité et mobilise autant le citoyen que le visiteur.
Le tourisme comme moteur de développement dans les régions
René Trabelsi ne croit pas non plus aux chimères. Il sait que développer un
territoire touristique demande de l’engagement autant que du travail et des moyens autant que du temps : « Affirmer une ville telle Beni Mtir comme municipalité touristique est un gage. C’est aussi une manière de voir avec laquelle la ville réclame le tourisme comme moteur économique, comme choix de développement, comme style de vie. A partir de là, nous allons mieux suivre toutes les municipalités touristiques et les accompagner. C’est un travail de longue haleine, mais le tourisme est un moteur économique qui demande de l’entretien. »
Si bien évidemment, le Nord-Ouest est le territoire de la forêt sur la mer, il est aussi celui d’une route de tourisme culturel et de circuits archéo-culturels à (re)développer. On dit souvent que la pierre ne ment pas et c’est probablement à Dougga, à un peu plus de 100 Kilomètres de Tabarka, face au théâtre antique de 3500 places qu’on mesure la puissance d’une cité historique unique. Sur les pavés des deux allées principales de Dougga, il suffit de fermer les yeux pour entendre le bruit des chars partir vers Haïdra ou Tebessa.
Dougga, Sbeitla, Haidra et chemtou
Un peu plus loin, Bulla Regia, appelée la Royale, est, avec son théâtre antique et ses thermes spectaculaires hauts de 15 mètres, un lieu de conception unique pensé par des architectes locaux qui ont y développé des techniques propres. L’urbanisme monumental de la cité témoigne
de sa grandeur et les prestigieuses demeures munies de sous-sols en restent les véritables joyaux. Ces maisons portent les noms de Venus, de la Chasse, du Trésor…
Un peu plus loin, Chemtou a été le point de départ de la route antique du marbre. Largement connu pour son Giallo Antico, il ne se construisait pas de palais ou d’édifice de référence dans le bassin méditerranéen de Rome à Istanbul sans cette pierre. Aujourd’hui, le musée archéologique de Chemtou a ré-ouvert. Il est l’un des plus beaux du pays et vaut largement le détour.
La région si infiniment archéologique et brave, passionnante et surprenante, génère des richesses. Le tourisme est sur cette terre forte et fertile, une voie encore à explorer.