De mémoire et surtout depuis l’alternance de l’exécutif tunisien post 14 janvier, il est rare de voir un ministre rempiler à la tête de son ministère. René Trabelsi dont la nomination au gouvernement de Youssef Chahed avait suscité un début de polémique sur la scène politique et les réseaux sociaux, a imposé le respect et la confirmation à son poste par H. Jemli en ce début d’année 2020. Par Amel DJAIT
Il faut avouer qu’il était difficile à H. Jemli de se défaire d’un ministre qui s’impose, d’abord par les résultats d’un secteur qui virent au vert et ensuite par une aisance à la communication certaine.
Si René Trabelsi n’avait pas grand chose à perdre en acceptant la mission de ministre du Tourisme et de l’Artisanat en novembre 2018, il est en passe de devenir un des ministres les plus respectés du pays. Populaire et particulièrement apprécié, il sort du lot dans un paysage souvent composé de ministres peu communicatifs et coincés dans leur rôles. Trabelsi, lui sculpte dans la masse un style. Son propre style
Le style Trabelsi
Les mauvaises langues ont tout tenté pour déstabiliser et discréditer le ministre du tourisme qui fonce dans le tas, ralliant au fil des semaines et des mois les plus récalcitrants. Porte t-il la “barka” en lui ? Peu importe ! Il bosse et mouille la chemise. Avec lui, la Tunisie a accueilli plus de 9 millions et demi de touristes en 2019. Il a finalement cassé le cercle infernal des “loosers” avant lui.
Aujourd’hui, René Trabelsi sait que les 5350 millions de dinars de recettes qu’a rapporté le secteur sont si peu, en comparaison, certes avec les recettes de 2010, mais en comparaison avec ses propres ambitions pour la destination. En bon djerbien, l’homme sait compter. Il sait que le travail va se faire autrement, maintenant qu’il a plus de temps, maintenant qu’il y a un peu plus de confiance.
Les recettes 2019, en deçà de ses ambitions
Fort d’une Direction générale à ses côtés menée par un homme de poigne de l’administration, Nebil Bziouech, le rythme de travail qu’il impose à son équipe va exiger une restructuration. Le secteur a besoin de réformes, une remise en forme totale. Il y est prêt. Reste à implémenter une des stratégies qui attendent dans les tiroirs.
Si René Trabelsi a réduit le déficit d’image sur la destination comme personne avant lui, il a l’urgence d’attaquer l’endettement du secteur, soutenir et solliciter les investissements, travailler le positionnement stratégique de la destination, structurer une offre diversifiée, moderniser la gouvernance, parier sur la digitalisation et l’innovation…
La destination touristique est boiteuse et ce n’est pas une hirondelle qui fait le printemps. Mais cela René Trabelsi ne le sait que trop bien. Dans une interview qu’il a donné à 1001Tunisie il y a quelques mois, il déclarait : ” Les réglementations qui sont en place aujourd’hui datent d’il y a 50 ans. Il faut les changer, amender les lois et libérer le potentiel économique du pays. L’avenir est là, en attendant je gère le quotidien, engage des choix et crée des émulations “.
Aujourd’hui, c’est aussi et surtout à son équipe et lui de faire bouger les lois, celles du marché et celle de l’ARP.