Une feuille de route qui vise à promouvoir et à réformer un secteur sinistré depuis la révolution mais en souffrances depuis plus d’une décennie. “La réalisation de cet objectif reste tributaire de la stabilité des conditions sécuritaires et sociales du pays”, a déclaré Elyes Fakhfakh cité par l’agence TAP. Mais n’est-elle pas aussi tributaire des réformes que l’on va engager et de l’audace nécessaire pour innover et réinventer un tourisme archaïque ne répondant plus aux attentes du marché ?

Le tourisme, qui représente 7% du PIB tunisien et emploie quelque 400.000 personnes directement et plus d’un million indirectement connait une dramatique  crise. Les recettes ont baissé de 33% et le nombre de touristes est passé de 4,8 millions en 2011 à près de 7 millions en 2010, a rappelé le ministre.

6 millions de touristes est-il un objectif réalisable ? Dans l’attente des réponses des marchés européens, beaucoup s’interrogent sur celles des marchés mitoyens que sont la Libye et l’Algérie et qui émettent plus de 2 millions de touristes. Pour l’ensemble des marchés, il reste à se déployer pour convaincre, séduire et sécuriser c’est-à-dire faire le plus dure, dans une phase de transition qui se négocie avec prudence sur fond d’impact des révolutions arabes sur le tourisme et du recul des destinations comme l’Egypte, la Tunisie, le Maroc au profit de l’Espagne…

Officiellement, c’est 25 hôtels employant au total 3.500 personnes  qui ont dû fermer l’année dernière, il n’en reste pas moins vrai qu’une partie conséquente du parc hôtelier tunisien se porte de plus en plus mal depuis la révolution.

Déjà vieillissants, les hôtels  fonctionnent à régime minimal depuis plus d’un an et il devient vital de programmer une vraie opération de nettoyage et de remise en route du parc hôtelier afin de les mettre au pas, du moins pour la saison, avant de mettre en place  une mise à niveau de celui-là dans tout le pays. Et pour cela, il faudrait dégager des moyens colossaux que l’Etat hésite à mettre au service de l’hôtellerie. D’ailleurs à ce sujet, quid des discussions avec les institutions bancaires pour résoudre l’épineux problème de l’endettement ?

Pour le moment, et du côté du gouvernement, on affiche de l’optimisme  et on annonce des signes d’améliorations qui ont été enregistrés depuis le début 2012 sans plus de détails. Le ministre est resté avare en précisions quand à ces indicateurs positifs que les professionnels confirment.

Si dans un récent sondage paru sur « Le Maghreb », 59,3% des personnes interrogées estiment que le gouvernement actuel n’a pas réussi à renforcer le secteur au bout de ces premiers 100 jours d’exercice, 17,9% ne se prononcent pas et 22,8% sont plutôt positifs sur cette question. Un fait reste certain pour le moment, c’est que le tourisme tunisien n’est jamais allé aussi mal.  Si les acteurs du secteur avaient bon espoir au début de la révolution, les multiplications des discours prometteurs restés sans action compromettent les efforts de tout un chacun et mettent en péril une destination qui ne parvient pas à saisir sa chance.

De Salon en Salon, de rencontre en rencontre et de jour en jour, les opérateurs tunisiens et les partenaires étrangers ne comprennent toujours pas comment et pourquoi si peu de changements sont mis en place.  Peut-être que les réponses seront données dans les prochains 100 jours de ce gouvernement  qui peine à convaincre de son efficacité.

Amel Djait

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