Fille d’Abul A. Mohamed Ibn Othman Dey, Aziza Othmana, dont la date de naissance reste encore inconnue, est l’une des grandes figures de l’histoire tunisienne.

Nous sommes entre le 11ème et le 12ème siècle de l’Hégire. Riche héritière, Aziza grandit dans le palais familial où elle reçoit une haute éducation érudite et une solide scolarité. Jeune, elle se marie à Hamouda Pacha, l’un des hommes influents de la Khassa. Mais la jeune femme, discrète, sensible, et vertueuse, comprend vite sa destinée : consacrer sa vie aux plus nécessiteux.

Outre ce combat, elle lutte également contre la capture des prisonniers voués à l’esclavage. Il faut dire qu’à cette époque, la vie est rythmée par un dangereux banditisme pirate. Femme très pieuse, elle entreprend aussi le pèlerinage en lieu saint, emmenant avec elle ses serviteurs. Un exploit héroïque pour l’époque. Mais Aziza est têtue, et n’hésite pas à braver les dangers de la terre et de la mer…De retour à Tunis, la grande dame de cœur va même plus loin dans ses actions : elle achète des esclaves afin de les libérer ! Mieux, elle rédige un testament historique : le « Wasiya », dans lequel elle renonce à sa propriété au profit des nécessiteux…

Puis, Aziza fonde un hospice réservé aux soins médicaux des plus démunis, situé rue El Azzafine, près de l’actuel hôpital qui porte son nom. Elle met aussi en place des centres de dons (habous), voués à la constitution de trousseaux de jeunes filles pauvres, au financement de la circoncision des orphelins, ou encore assurer le bien être d’anciens prisonniers, d’esclaves et personnes âgées.

Aziza Othmana meurt en l’an 1080 de l’hégire (1669 JC). Elle repose dans sa nécropole privée située non loin de la madrasa «Al Shamaya», dans un lieu appelé «Al Halqat Naal». Sa tombe est ornée chaque jour de fleurs de saison. Ce fut l’un de ces souhaits écrits sur son testament. Une modeste manière de remercier, encore en 2011, les nombreux actes généreux d’une femme au destin hors du commun.


Nadia Jendoubi


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