Un conseil ministériel sur le tourisme de croisière s’est tenu à la reprise de l’activité croisière en ce début d’été 2023. Présidé par la présidence de la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, à la Kasbah, celui-ci a pris connaissance des activités du tourisme de croisière en Tunisie. La filière repose sur six ports de plaisance accueillant environ 2500 bateaux de croisière étrangers/ an. Plus de 200 marinas dotent le pays de vrais attributs pour développer l’activité. Mais qu’en est -il vraiment? Au vu des handicaps d’ordre réglementaire, institutionnel, technique et de gouvernance, la filière est-elle en état de mettre les bouchées doubles, rattraper ses retards et répondre aux demandes d’un marché international en forte demande? Amel DJAIT
La Tunisie, qui vient de présenter sa stratégie Tourisme pour 2035, semble vouloir mettre en avant la plaisance. Une stratégie nationale visant le développement de ce secteur semble s’amorcer. Un communiqué de la présidence du gouvernement annonce “développer la formation de manière à ce qu’elle englobe la navigation de croisière, le développement des activités, services et infrastructures, outre l’institution de mesures d’incitation afin de rendre le secteur plus compétitif, de promouvoir l’aspect communicationnel, et de créer des manifestations à même d’avoir un rayonnement régional et international”.
Pour entamer pareille ambition, une action d’urgence est nécessaire pour assoir une future stratégie et lui trouver des appuis et investissements locaux et internationaux. Mais qui est allé faire un tour à la Marina de Yasmine Hammamet récemment? Qui a constaté l’état de délabrement du site référence de la destination en termes de services et produits: délabrement de l’environnement, fermeture des boutiques et restaurants, absence d’animation et de services de proximité,… Si la marina de Hammamet est sans aucun doute parmi les plus attrayantes dans le bassin méditerranéen, il ne fait aucun doute qu’il s’agit à ce jour uniquement d’un grand parking de bateaux et aucun cas d’une destination où il fait bon vivre, se détendre et dépenser son argent, beaucoup d’argent.
Le potentiel de la Tunisie en termes de plaisance est là. Peut être que le constat de départ semble légèrement ambitieux, voire inapproprié: Des six ports que l’on propose comme des ports pouvant assoir une vraie stratégie, lequel est opérationnel à part La Goulette? Des multiples marinas dont dispose le pays, laquelle répond aux besoins des plaisanciers?. Même en s’en tenant aux besoins essentiels, les sites sont défaillants. Ils ont besoin d’investissements, de formations, de contrôles, de normalisation, de branding, d’hygiène, d’embellissements, d’accessibilité,…
L’état de délabrement de la marina de Hammamet
A l’heure où les marinas et ports du monde évoquent leurs relations aux territoires, au développement d’un tourisme d’affaires, à la durabilité ou encore à la mobilité, la Tunisie est encore à l’état embryonnaire de ce secteur ultra juteux.
A titre d’exemple, la France, premier pays littoral d’Europe dispose de 562 ports littoraux, 30 activités nautiques pour un chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros et 40 000 emplois. Le nombre de plaisanciers en France atteint 13 millions. La navigation de plaisance compte plus d’un million de bateaux ; 12 000 nouvelles immatriculations sont enregistrées chaque année. L’Italie voisine a développé elle aussi son économie sur cet axe.
Les ports de plaisance représentent des portes d’entrée dans les villes des destinations. De surcroit quand un pays est aussi petit géographiquement que le notre. Il est urgent et important de mettre en place une palette d’offres : gastronomie, culture, patrimoine… pour redynamiser le potentiel actuel et en faire de vrais outils de production.
Il est capital de libérer la plaisance, les acteurs de la filière et y inciter les investissements, l’attractivité auprès des jeunes pour l’emploi, le marché local, l’importation de bateaux, l’installation de compagnie internationales,. Il est capital de comprendre la mer, l’économies bleue et verte. Il est vital de comprendre où l’on veut y aller pour mettre un cap.