1001Tunisie : « Il était une fois le Cap bon » est-il un livre souvenirs ou un livre du Cap Bon tel que vous le rêvez ?

Saleh Jaber : C’est le livre d’un Cap Bon non pas tel que je le rêve, mais tel que je voudrais qu’il reste. Avec toutes les transformations que l’on voit dans notre paysage tunisien ces derniers temps, nous risquons de ne plus le reconnaître dans quelques années. J’espère que la photographie sera un témoignage pour les
générations futures.

Je ne suis pas pessimiste pour autant, bien au contraire, ce métier que j’exerce depuis plus de 30 années ne m’a donné que bonheur etplaisir. Il m’a fait découvrir des merveilles à travers notre belle Tunisie et c’est ce témoignage que j’essaye de faire partager avec mes photos.Partager pour apprécier, pour conserver, pour préserver, en un mot pour AIMER.

La photo n’embellit-elle pas la réalité ?
La photo n’embellit pas la réalité, c’est la réalité. Il suffit juste de trouver le bon angle et la bonne lumière. Quoi de plus beau que de se lever tous les matins et d’admirer ce qui nous entoure. Il suffit après de mettre cela dans une petite boite noire et si l’on a l’œil et l’âme un peu poète, cela fera une belle image, sans avoir à embellir ni retoucher quoi que ce soit.

Comment se raconte un pays ?
Un pays se raconte avec les yeux et le cœur. Savoir regarder, savoir écouter
et savoir aimer sont à mon sens les ingrédients pour savoir raconter.

Pourquoi cette région plutôt qu’une autre ?
Pourquoi cette région ? C’est le village d’El Haouaria qui m’a donné cette envie de faire découvrir le Cap Bon. Il y a une dizaine d’années, j’avais déjà édité Il était une fois Ghar el Melh. Habitant Ghar el Melh, je ne pouvais qu’être attiré par la similitude et la ressemblance avec El Haouaria qui n’est que l’extrême opposé à Ghar el Melh dans le golfe de Tunis. La similitude des paysages et des traditions de ses habitants a fait que le chemin était tout tracé pour continuer les escapades à travers le Cap Bon.

Et deux années plus tard, cela a donné naissance à ce premier livre édité par cette jeune maison d’édition, les Editions FIL, qui j’espère apportera à travers ses publications un témoignage à faire partager sur notre patrimoine tunisien faisant ainsi prendre conscience à nos concitoyens de sauvegarder cette richesse que la nature nous a donnée.

Avez-vous d’autres projets pour bientôt ?

Les projets? Continuer la série de livres sur les différentes régions avec les Editions FIL. « Il était une fois Kerkennah » est le prochain sur la liste. Finaliser un projet en cours de réalisation, en visite virtuelle, similaire à www.medinatunis.com

Et une petite information en exclusivité pour Mille et une Tunisie : Après 3 années d’interruption, nous allons reprendre les Rencontres Internationales de la Photographie de Ghar el Melh en 2014.

Permettez nous de profiter de cet entretien pour vous demander des donner des conseils utiles à nos lecteurs.Quand on voyage et qu’on a le déclencheur facile, le stockage des photos est souvent problématique. Quels conseils pourriez-vous donner à tous les photographes qui sommeillent en nous ?
C’est vrai que l’arrivée du numérique dans la photographie a changé nos habitudes. Du temps de l’argentique, chaque photo était comptée. On appuyait sur le déclencheur quand on était sûr du résultat. Moins nombreuses, les photos étaient plus faciles à archiver. Maintenant, nous avons la gâchette facile. On ne tire pas plus vite que notre ombre mais les déclencheurs sont souvent mis à contribution dans une journée. Le plus dur, c’est après. Aveccette profusion d’images, bien difficile de s’y retrouver. Alors le premier des réflexes, c’est de supprimer tout ce qui n’est pas bon en qualité photo : lumière, cadrage, netteté et autres.

Ensuite, l’archivage. Commencez par renommer vos images en choisissant toutes sortes de mots-clés, qui vous permettront de retrouver facilement vos photos. Une photo sans nom est très difficile à retrouver dans un ou plusieurs disques durs. Comme les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés, il m’arrive parfois d’aller refaire une image sur le terrain au lieu dépasser deux à trois joursà la chercher dans mes archives.

Autre conseil et pas des moindres, conservez vos photos sur plusieurs supports différents. Un DVD ou disque dur peu s’abimer facilement et là, ce sont toutes les archives qui disparaissent avec.
Encore un petit conseil pour la fin, pour les personnes qui utilisent des réflexes, changez le moins possible l’objectif de votre appareil : à chaque manipulation, la poussière, qui est l’ennemi mortel du numérique, pénètre sur le capteur. Et si l’on doit passer 5 à 10 minutes par photographie, sur un logiciel de retouche d’images pour enlever ces imperfections, multiplié par un reportage de 200 photos, il vaut mieux aller acheter un autre appareil.

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