Depuis quelques années, d’importantes transformations se sont opérées au niveau des comportements du marché et des attentes des allemands qui bénéficient de 6 semaines de vacances dans l’année et dédient en moyenne 4% de leur revenu au budget des vacances à l’étranger.

Ces dernières années, les touristes allemands ont boudé la Tunisie et, nous sommes bien loin de 2002, lorsqu’un million d’entre eux passait chaque année des vacances à Hammamet, Sousse et sur l’île de Djerba. Le nombre des touristes allemands peine à arriver à quelques 400 000 touristes en 2012. Le marché a certes accusé une légère hausse depuis les Evénements du 14 Janvier mais cette hausse ne peut compenser en rien une dégringolade aussi spectaculaire et douloureuse.

Faut-il encore dresser un état des lieux et des potentialités de la destination Tunisie en général et focaliser sur ses capacités à répondre aux attentes allemandes en particulier ? Comment reconquérir le marché allemand ? Quels sont les problèmes à résoudre ? Quelles sont les solutions et options innovantes possibles? Quelle «marque Tunisie» faut-il pour le marché allemand ? Quels sont les produits touristiques à associer au produit balnéaire qui reste le cœur du marché ?

Une partie des solutions, si ce n’est son entière réside dans la stratégie du cabinet allemand Roland Berger. Tout le monde ou presque sait ce qu’il faut faire afin de lifter là où c’est possible et restructurer le tourisme tunisien. Portant rien ne bouge. Pire, le tourisme ne s’est jamais porté aussi mal ! Pendant que la destination coule, les tendances du tourisme bougent et bientôt les stratégies adoptées seront caduques. Qui est le touriste allemand aujourd’hui ? Que voudra t-il demain ? Qu’est ce qui le ferait choisir une destination plutôt qu’une autre ?

Plus de culturel et de nature dans le balnéaire Du côté de la Bavière, on considère la Méditerranée comme sa propre mer. Les gens veulent consommer « plus de culturel dans le balnéaire ». Adeptes du golf, ils veulent vouloir visiter un musée, expérimenter une cuisine locale, faire une rando vélo dans l’arrière pays.

Dans les bureaux de Studisous Reinsen,( www.studiosus.com) on ne met pas de gants pour déclarer que la Tunisie n’intéresse plus personne ou presque ! Fort d’un réseau de 7000 points de vente, offrant plus de 1000 circuits dans 120 pays pour un CA de 232,6 milliards d’Euros en 2012 pour quelques 97,4 mille voyageurs, le Tour opérateur spécialisé présente 10 brochures et ne dessert la Tunisie que deux circuits par an. Mais quels sont les raison de ce désamour ? Jorg Meltzer est Directeur du produit chez le TO pour la région. Il explique que les gens ont peur, que l’image du pays est négative et que le flux de touristes va ailleurs : « La Tunisie est perçue comme un pays dangereux. Je suis de près la phase de transition et y constate l’échec, l’incertitude, le doute … »

A la question de comment s’y prendre pour changer cet état de fait, la réponse ne se fait pas attendre. Bien d’être loin complexe et compliquée, elle demande d’enlever la saleté, de se débarrasser du harcèlement des « beznessas », de soigner les villes et villages… ? Est-ce si difficile ? Au vu de l’incapacité de la destination à répondre à cela, on se demande comment celle-ci peut répondre à des segments de marché revendiquant plus de soins, de services, d’investissements, de conceptualisation. Selon diverses études, la tendance du marché allemand va vers une plus grande attirance vers le luxe et la frontière se creuse de plus en plus avec le discount. Les experts prévoient que le segment des voyageurs indépendants (FIT) devrait, à terme, représenter près de la moitié des touristes.

L’individualisation, en cassure avec le Groupe et le TO qui est en cours, semble se confirmer en matière de consommation de voyage. La tendance des produits les plus vendus en Allemagne sont la remise en forme, les séjours actifs, le tourisme urbain et les offres spécifiques pour les seniors et les croisières. Le marché allemand subit un vieillissement de sa population. 1/3 de la population a plus de 55 ans et les répercussions de cette transformation a incontestablement un impact sur le choix des destinations et le mode de déplacement. Une forte hausse du tourisme des seniors serait attendue pour les dix prochaines années.

En attendant de jours meilleurs, un énorme travail reste à faire par rapport aux “nouveaux allemands” jeunes, branchés sur le Net et submergés par des destinations de plus en plus nombreuses et concurrentes.

Amel Djait

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