Mille et une tunisie : Vous êtes l’organisateur du festival de la salsa qui a connu un franc succès et retenu l’attention. Pourquoi le festival a  été suspendu depuis la révolution?
Moez Ben Salem : J’étais le Directeur d’un comité d’organisation complexe qui comprenait des tunisiens et des français. Lors des éditions 2009 et 2010, nous avions été soutenus par des sponsors, notamment l’Office Nationale du Tourisme Tunisien (ONTT). Lorsque nous avons pensé organiser une édition, même à petite échelle, en 2011, nous n’avons eu aucun soutien; de ce fait nous avons préféré “sauter” l’édition 2011 et penser à une édition 2012. Malheureusement, l’instabilité politique qui a prévalu pendant toute l’année 2012 et qui s’est répercutée sur l’image de la Tunisie en Europe, ne nous a pas permis de réaliser notre objectif et nous avons fini par renoncer.

Les festivals de danses ont-il un potentiel touristique ?

Sans aucun doute. En ce qui concerne les 2 éditions précédentes à Hammamet, elles ont attiré respectivement 300 et 350 congressistes étrangers. Ce chiffre aurait même pu exploser si nous avions pu continuer sur la même lancée. A titre de comparaison, le Festival de Marrakech attire chaque année près de 2 000 congressistes.

Quel meilleur souvenir gardez-vous des festivals écoulés?
Sans aucun doute, le spectacle d’ouverture de l’édition 2010. Un groupe de 16 jeunes danseurs et danseuses tunisiens, encadrés par un couple de chorégraphes professionnels suisses ont offert un magnifique spectacle sous les applaudissements de 500 spectateurs! Pour bien préparer ce spectacle, il a fallu 6 mois de répétitions!

Quels sont les festivals de danses latines les plus importants du monde?
Il y a de plus en plus de festivals à travers le monde et dans différentes villes. Les festivals qui m’ont le plus marqué sont ceux de Marseille, Monaco, Berlin, Zurich, Milan, Marrakech, Istanbul et surtout Athènes…

Vous passez la main à une nouvelle génération d’organisateur. Que leur conseillez-vous?
Je leur conseille le sérieux et la persévérance. Ils ne doivent pas penser à la rentabilité de l’événement, durant les 2 ou 3 premières années. Il faut donner de la crédibilité à l’événement et faire en sorte qu’il se place comme un incontournable dans la scène artistique internationale

Quels sont les principaux obstacles devant la tenue d’événements culturels d’envergure internationale en Tunisie?
Les difficultés majeures sont celles de pouvoir payer les cachets des artistes étrangers. Les bons artistes réclament des cachets élevés, parfois 2000 euros pour une prestation de 5 minutes et un cours d’une heure!
Le dinar tunisien étant en perte de vitesse, les cachets sont de plus en plus durs à payer.Il faut aussi trouver des devises étrangères (Euros ou Dollars), ce qui n’est pas simple !

Le Ministère du Tourisme et l’ONTT doivent s’impliquer et aider les jeunes promoteurs ambitieux et sérieux. Cela pourrait être un excellent créneau pour le tourisme tunisien

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