Cette nouvelle unité, dont la création a été entreprise sous l’égide du ministère du Tourisme, aura pour mission de superviser un secteur en constante évolution. Dans le passé, la Tunisie s’appuyait largement sur ses stations balnéaires pour attirer les adeptes du tourisme à forfait, principalement originaires de France, d’Italie, d’Allemagne et du Royaume-Uni. En réalité, 80 % des visiteurs proviennent de six pays, a récemment déclaré Elyès Fakhfakh, ministre du Tourisme, aux médias internationaux.

Cependant, cette orientation stratégique (le tourisme à forfait) était associée à un niveau relativement faible des dépenses des visiteurs, par rapport notamment à d’autres destinations de la région, comme l’Egypte ou le Maroc, ce qui limitait les revenus du secteur. Cet effet a été exacerbé par la baisse du nombre d’arrivées, qui a chuté de quelque 2.5 millions pour atteindre 4.5 millions en 2011, après le soulèvement populaire qui a conduit à la chute de l’ancien président Zine Al Abidine Ben Ali. Les troubles dans la Libye voisine, qui représentait auparavant un marché important pour le secteur de l’accueil tunisien, ont exacerbé les difficultés du secteur, tandis que la crise de la dette dans la zone euro a modéré la demande.

S’adressant à l’agence de presse Reuters au mois d’avril, M. Fakhfakh s’est dit convaincu que les chiffres s’amélioreraient en 2012, sans pour autant atteindre les 7 millions d’arrivées enregistrées en 2010. Les derniers chiffres communiqués par le département de la recherche du ministère du Tourisme révèlent que les revenus du secteur commencent à progresser, après avoir chuté de 1.78 milliard de dinars tunisiens (892.8 millions d’euros) en 2010 à 1.11 milliard de dinars tunisiens (554.8 millions d’euros) en 2011. Au 31 juillet, les recettes du tourisme avaient de nouveau atteint 1.53 milliard de dinars tunisiens (765 millions d’euros).

La fréquentation des touristes étrangers commence également à progresser, puisque 3.24 millions de touristes s’étaient rendus en Tunisie fin juillet, soit une hausse de 34 % par rapport aux 2.42 millions d’arrivées enregistrées au premier semestre 2011. Ce résultat reste néanmoins inférieur aux 3.97 millions de touristes qui avaient visité le pays entre le 1er janvier et le 31 juillet 2010.

Le tourisme reste une activité prédominante dans le pays ; en 2011, le secteur des voyages et du tourisme contribuait directement à 6.6 % du produit intérieur brut (PIB), un taux qui devrait atteindre 8 % cette année, d’après le Conseil mondial des voyages et du tourisme (WTTC). Les contributions directe et indirecte du secteur représentaient au moins 14.3 % du PIB en 2011, d’après le WTTC. Le secteur est également un grand pourvoyeur d’emplois, puisque 415 500 personnes y travaillaient en 2011, soit 12.9 % de l’emploi total.

Néanmoins, pour maintenir le niveau de croissance attendu, le secteur public et le secteur privé devront opérer une diversification pour renforcer l’attractivité globale du pays, non seulement en termes de marchés mais également en termes d’activités. Les activités touristiques de niche, telles que le tourisme thérapeutique ou l’écotourisme, offrent d’importantes réserves de croissance, en particulier sur le créneau haut de gamme, où les centres de thalassothérapie ont d’ores et déjà un impact. De même, les touristes en provenance des marchés non traditionnels, tels que la Russie et la Chine, qui jusqu’alors ne représentaient qu’une proportion limitée des vacanciers étrangers en Tunisie, ont été plus nombreux sur d’autres marchés méditerranéens, tels que l’Egypte et la Turquie, ce qui souligne le potentiel de croissance du secteur touristique tunisien.

Le gouvernement précédent avait pris un certain nombre de mesures à cet égard : 28 millions d’euros étaient alloués chaque année au financement de campagnes publicitaires, tandis que de nouveaux systèmes de classification des installations hôtelières avaient été mis en place en vue de promouvoir l’amélioration des normes d’hébergement.

D’après M. Fakhfakh, le pays s’est donné pour objectif de diversifier l’offre touristique existante pour y inclure des séjours d’aventure dans le désert, des spas, ou encore un golf, et miser davantage sur les différentes régions du pays, notamment les déserts, les forêts et les sites archéologiques romains et islamiques.

En juin 2012, la Tunisie a organisé le premier salon du tourisme alternatif dans le village de Ken, situé à proximité de Bouficha, dans le gouvernorat de Sousse. Habib Ammar, directeur-général de l’Office national du tourisme tunisien, a déclaré à l’Agence France Presse, à Tunis, que le salon avait été créé à l’initiative de l’Association de promotion du tourisme alternatif en Tunisie (APTAT). Le tourisme alternatif a pour principal objectif de réduire la dépendance de la Tunisie à l’égard des visiteurs saisonniers, en développant une offre touristique diversifiée permettant d’attirer les visiteurs tout au long de l’année.

Le ministre du Tourisme travaille également en coopération avec d’autres pays d’Afrique du Nord pour encourager les visiteurs en provenance de pays ou régions éloignés, notamment l’Asie et les États-Unis, à réserver des séjours multi-destinations, par exemple des circuits à travers les sites historiques romains en Tunisie et en Afrique du Nord.

Le pays espère également que les négociations engagées avec l’Union européenne (UE) concernant un accord « ciel ouvert » offriront au secteur une position plus stable à l’avenir. L’accord « ciel ouvert » est censé permettre aux compagnies aériennes étrangères et low-cost d’utiliser plus facilement les aéroports du pays. Au Maroc, la signature d’un accord similaire en 2006 s’est traduite par une recrudescence des vols low-cost à destination de villes comme Marrakech, même si certaines compagnies ont eu des difficultés à faire face à la concurrence accrue. La Tunisie espère ainsi que la signature d’un accord « ciel ouvert » aura le même effet sur le trafic.

D’après M. Fakhfakh, les négociations devraient durer entre six mois et un an. Une fois qu’un accord aura été trouvé, le nouveau département du ministère du Tourisme chargé de la gestion du tourisme en assurera la mise en œuvre.

Les limites du tourisme à forfait et bon marché, piliers traditionnels du tourisme tunisien, sont une évidence de longue date pour les acteurs du secteur. Depuis un certain nombre d’années, des opérateurs privés font pression pour renforcer l’attractivité du pays aux yeux des visiteurs des segments haut de gamme et de niche, avec un certain succès. Cependant, la chute du nombre de visiteurs et l’intérêt limité des principaux marchés rendent plus urgents encore les efforts de diversification entrepris par le gouvernement pour renforcer l’attractivité du secteur touristique tunisien.

Oxfrord Businees Group

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