La fameuse « Révolution du Jasmin », le fameux « Printemps Arabe » pourront ou pourraient fleurir l’histoire pour l’éternité tellement les mouvements étaient justifiés, tellement ils ont été courageux et glorieux. Ils auront probablement un rang dans l‘histoire mondiale de l’Humanité, à jamais, comme la Révolution française, en son époque.

La prochaine date du 23 octobre2012 risque de lever une situation de conflit juridique, conflit constitutionnel, conflit politique, conflit populaire…En soi, le moment est d’une extrême gravité. Il peut aussi devenir l’élément qui pourrait réduire à rien, réduire à ZERO, les comportements héroïques de ceux qui se sont engagés dans la révolution en Tunisie (dans tout le pays). Faudrait-il que le « zéro » retrouve son origine arabe mais en négatif par cette date du 23 octobre qui risque d’être fatidique pour le pays ?

POURQUOI ce cri d’alarme ?

D’après mes lectures, d’après mes échanges, il n’est ni partisan, ni mensonger de dire que la Constitution qui devait être présentée à l’ANC n’est ni prête, ni probablement acceptable par une majorité obligatoire des 2/3.

Il n’est ni partisan, ni mensonger de dire que des thèmes « essentiels » (qualificatif à prendre dans son sens étymologique) posent ou poseront des débats ou des affrontements longs à résoudre. Exemple : l’égalité entre l’Homme et la Femme, la liberté de création artistique, celle de la Presse…

Il n’est ni partisan, ni mensonger de dire que la Constitution doit décider du type de régime à choisir pour garantir un vrai équilibre démocratique, évitant les dérives dictatoriales qu’a déjà connu le pays. Et les divergences sont connues …Il n’est ni partisan, ni mensonger de dire que le peuple tunisien doit être associé, impliqué dans l’acceptation de la Constitution par un référendum et qu’un tel vote nécessite du temps de mise en place, mais surtout que c’est un thème d’une telle grande complexité qu’il faudra bien du temps et de la communication pour que la Tunisie, sur tout son territoire et dans toutes ses couches sociales puissent voter en toute connaissance de cause.

Enfin, il n’est ni partisan, ni mensonger de signifier que prévoir un vote pour la future Assemblée législative signifie avoir un système électoral « juste » ou le plus neutre possible car on sait bien que le choix d’un mode de scrutin a une influence directe et importante sur le résultat des votes.
Je ne parle pas seulement des alternatives entre le système de scrutin majoritaire ou de représentation à la proportionnelle ou mixte. Mais tout, tout a des conséquences : vote à 1 ou à 2 tours, le nombre réduit ou élevé des circonscriptions, la définition géographique de ces circonscriptions, etc.
Où en est l’ANC sur ce thème ? Est-ce à l’ANC de décider ? Les débats sur la future Instance Supérieure Indépendante pour les Elections » (ISIE) sont éloquents…
Encore un dernier fait, la Tunisie dit avoir voté massivement lors de l’élection de l’ANC et ce n’est ni partisan, ni mensonger de dire que c’est une affirmation « artificielle ». Les résultats de participation sont basés sur le nombre de Tunisiens inscrits sur les listes électorales, nombre relativement réduit par rapport au nombre de Tunisiens pouvant voter.
De plus, on a accepté à juste titre de faire voter des non-inscrits présentant leur identité. Mathématiquement, le taux de participation devenait élevé. Mais le pays pourra-t-il ou devra-t-il permettre de nouveau de tels procédés ? Pour le futur vote, il eût fallu commencer une campagne massive de nettoyage des listes et de nouvelles inscriptions sur tout le territoire, ce qui est long, coûteux en temps, en énergie et en moyens financiers…

Qu’en sera-t-il de l’élection présidentielle si on décide d’une élection au Suffrage Universel ? A quelle date ? Avant ou après les Législatives ? Les effets du moment ne sont pas neutres sur le vote de concernant l’Assemblée … Le contenu, le rôle du Président et de l’Assemblée ne sont pas les mêmes dans le cas d’un régime Présidentiel, Parlementaire ou autre.

Est-il nécessaire de continuer la liste des incertitudes, des difficultés très délicates, voire très explosives qui attendent le pays après le 23 octobre 2012 ? Est-il nécessaire d’insister encore et encore sur le nombre des procédures juridiques et constitutionnelles qui ne sont pas en place et qu’il sera impossible à mettre en place avant la date du 23 octobre 2012 qui avait été « consensuellement » annoncée…

ALORS ?

Faudra-t-il attendre le 23 octobre pour en décider ?

Je m’adresse avec respect aussi bien à la Troïka, à l’Opposition et aux Tunisiennes et aux Tunisiens pour dire et redire :ANTICIPATION … ANTICIPATION… ANTICIPATION … et COMMUNICATION !

Et le terme ANTICIPATION est presque dévoyé car nous en sommes à moins de 2 mois de cette date qui peut être butoir, qui peut devenir un mur dans lequel la Tunisie peut se heurter ou même se disloquer !!

Je ne suis pas assez optimiste pour croire à la possibilité d’un grand « Rendez-vous Responsable Tunisien », mais déjà je demande à chaque entité politique de se réunir, de réfléchir et de COMMUNIQUER sa vision de ce qu’il faut organiser dès à présent pour essayer de conduire le pays avant et après le 23 octobre.

Déjà avoir la connaissance de comment chacun lit les textes de référence qui sont la loi fondamentale de l’Organisation Provisoire des Pouvoirs (OPP ) ? Avoir connaissance des hypothèses, des propositions, des feuilles de route des 3 Présidences de la Troïka, des Responsables des Partis Politiques au sein de l’ANC et de toute entité politique existante, serait une source d’éclairage d’une grande utilité, un point de départ.

Mais comme il est davantage réaliste que ce préalable sera difficile à connaitre, il devient urgent pour chaque « position » de se faire connaitre pour que les Tunisiennes et les Tunisiens ne soient pas avec une seule alternative, celle de recommencer seuls, comme ils ont déjà su faire….

Ce message va heurter nombre de lecteurs qui vont se demander qui je suis pour m’exprimer ainsi.

Je suis un Français et pour certains, je ferais mieux de ne pas interférer dans les intérêts tunisiens. Je connais les habituels rejets de mes opinions de certains :

– Je suis Français, donc je ne peux pas comprendre la Tunisie.

– Je suis Français et je ne peux pas lire ou parler l’arabe, donc je n’aurais qu’une information partielle, voire non objective car la presse en français à une tendance politique.

-Je suis français et la France a été et est encore avec une position hégémonique, dominatrice, méprisante ou même colonialiste vis-à-vis de la Tunisie, donc je devrais « dégager » avec mes idées chargées d’arrogance.

-Je suis Français donc ma seule source d’information serait Facebook en français, donc un public francophile et francophone situé à La Marsa qui n’aurait rien à voir avec la vraie Tunisie.

ALORS !

Heureusement, j’ai des amis tunisiens qui m’écoutent et qui connaissent mon investissement intellectuel et même de proximité avec la Tunisie. Et qui connaissent mes efforts de compréhension pour ce qu’il s’y passe. J’y ai vécu déjà 3 ans et j’y viens depuis un an avec une grande fréquence.
ALORS !
En France et en Espagne, j’ai occupé des fonctions (que je crois) importantes au sein de certains Partis Politiques, au sein d’un Cabinet Ministériel. J’ai été candidat à diverses élections et j’ai été un élu dans une municipalité.

ALORS !

Rien ne vous a obligé à me lire !

Et je connais l’indépendance d’esprit, la capacité de réflexion et d’action du peuple tunisien, d’où cet écrit qui est tout sauf de l’ingérence ou de l’outrecuidance …

J’aime trop la Tunisie !

Daniel Delvert

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