De fait, le nombre d’incendies (158) est monté en flèche, cette année par rapport à 2011, au cours de laquelle, 77 feux ont été recensés.  Pour les superficies emblavées (blé, orge), les pâturage et  les plantations d’arbres fruitiers, les incendies ont touché 340,2 ha.

Le ministère de l’Agriculture a tiré la sonnette d’alarme, appelant à préserver la richesse forestière, partie prenante de l’équilibre écologique.

D’après M. Samir Belhaj Salah, sous-directeur de la protection des forêts au ministère, «les incendies dans les superficies emblavées ne relèvent pas de nos prérogatives, mais nous focalisons nos efforts sur les forêts qui, en cas d’incendies, constituent, pour nous, un véritable casse-tête.

Puisque nous n’arrivons pas à identifier à 100%, les causes d’incendies ».  En Tunisie, les causes inconnues des incendies s’élève à 60%, alors qu’au Maroc, elles sont estimées à 55% et en France, à 30%.

Dans notre pays, renchérit-il, “les incendies sont habituellement enregistrés dans les régions côtières comme Gammarth (banlieue nord de Tunis), Ghar El Melh (Bizerte) où les forêts se trouvent sur des terrains privés».

«Le problème se pose aujourd’hui, avec acuité, car les propriétaires privés revendiquent la récupération de leurs terrains et vont même jusqu’à déclencher des incendies volontaires, pour faciliter le recouvrement de leurs biens»,  précise M. Belhaj Salah.

Il cite l’exemple, de Dar Chichou (Cap bon), l’une des plus importantes zones forestières existant sur des terrains privés. Des forêts avaient été implantées sur la base d’un décret beylical pour fixer les dunes littorales et lutter contre l’avancée du sable, à Dar Chichou mais aussi, dans  d’autres régions telles que Ghar EL Melh, Ouchtata et Tabarka.  A l’époque (1929-1940), les terrains n’avaient pas une grande valeur.

M. Belhaj Salah, rappelle qu’au moment de l’exécution des opérations de boisement, pour l’intérêt public, il s’est avéré que certains terrains relèvent des domaines de l’Etat, et d’autres sont des propriétés privées. Toutes avaient alors été plantées.

Aujourd’hui, avec l’augmentation de la valeur de ces terrains, le nombre de personnes revendiquant leur propriété, prolifèrent. Ils demandent la récupération de leurs terrains, en se transformant en “pyromane”, pour inciter l’Etat à les leur “céder”.

« Cela constitue une catastrophe naturelle» , considèree M.  Belhaj Salah, indiquant «qu’un comité de réflexion s’est penché sur ce sujet, pour rendre à César à ce qui est à César, à n’importe quel prix».

Le reboisement est possible dans ces régions, d’après le responsable forestier, mais «redonner la vie à une forêt, demande 50 ans..”.

En Tunisie, un hectare de reboisement coûte entre 1000 et 1500 dinars et le ministère de l’Agriculture procède au reboisement de 1300 ha par an.

Les incendies de forêts est un phénomène inévitable mais, il ne faut pas dépasser un hectare incendié par an, précise le responsable, estimant que «nous sommes loin des normes internationales, faute de moyens. Nous avons signé avec l’Italie une convention de financement pour acquérir, durant trois ans, une trentaine de camions équipés pour faire face aux incendies de forêts. Cela fait partie d’une stratégie à long terme pour le développement du secteur forestier. »

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