A Tataouine, depuis quelques années, il existe déjà le musée des Amis de la Terre qui constitue un bel exemple de ce qu’il est possible de faire. Ce petit musée aménagé vers la sortie nord de la ville en direction de Ghomrassen est l’œuvre de l’Office national des Mines avec une association locale. Ici sont exposés cartes, schémas et reconstitutions diverses qui expliquent, dans une langue accessible au profane et dans un style attrayant, les origines et l’évolution de notre planète et de la vie en son sein. Ce petit musée est le point de départ d’un circuit d’une cinquantaine de kilomètres en boucle autour de la ville intitulé «circuit géologique de Tataouine» et qui fait le tour de gisements fossiles, de sites préhistoriques et de villages berbères. Il conduit en particulier au gisement de Jebel Mîter, dans un paysage d’une grandiose austérité.

Riche de l’expérience de ce musée, l’Office national des Mines travaille à un autre musée et un circuit dans la région du Kef cette fois-ci, région riche d’une quinzaine de sites. Minéraux (malachite, azurite…), fossiles de requins à Sra Ouertane, dolmens à Elles, moulins d’époques romaines à Kef Rgueb, météorites à Hammam Mellegue (avec un site devenu une référence internationale), ensemble minier du XIXème sicèle à Djerissa : autant de richesses qu’il serait possible de transformer en produit touristique attrayant pour une région qui ne demande qu’à mettre en avant ses atouts naturels et culturels.

Enfin, dernier produit qui pourrait être mis en place, c’est l’aménagement des grottes des gouvernorats de Kairouan et de Siliana. La valorisation des grottes naturelles ou grottes karstiques est fréquent dans de nombreux pays du monde, elles sont considérées comme une véritable richesse naturelle. En effet, ces grottes constituent des milieux naturels très particuliers, leurs caractéristiques physico-chimiques font d’elles des lieux favorables pour plusieurs domaines d’activité dont la culture et le tourisme. La beauté extraordinaire des paysages souterrains engendrés par l’accumulation des concrétions minérales de formes variées comme les stalactites et les stalagmites, fait de ces grottes une curiosité naturelle à pouvoir attractif considérable. En France par exemple on compte plus de 67 grottes ouvertes au public et offrant aux familles comme aux individuels des visites guidées de grande qualité. Certaines de ces grottes sont classées Grand Site de France (comme l’aven d’Orgnac) ou proposées sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO (grottes de Choranche), d’autres sont dotées de musées régionaux de la Préhistoire, évoquant la vie quotidienne dans la région il y a plus de 350 000 ans, d’autres enfin sont aménagées avec son, lumière et parfois même des scénographies préhistoriques. Tout cela afin d’attirer un public de plus en plus nombreux et exigent.

En Tunisie, la découverte récente de nombreux sites préhistoriques et paléontologiques dans certaines cavernes leur donne une dimension historique et culturelle. Et c’est dans ce souci de promouvoir le tourisme tunisien par un nouveau produit, le tourisme souterrain et d’intégrer cette richesse naturelle nationale que constituent les grottes karstiques du Jebel Serj qu’une prospection et des études sur la potentialité de ces grottes à l’aménagement et à l’exploitation sont réalisées. Ce massif est d’ailleurs par excellence le haut lieu de la spéléologie en Tunisie et probablement dans toute l’Afrique du Nord. En effet, il est très fréquenté par de nombreux clubs de spéléologie tunisiens et surtout étrangers. Les deux plus grandes grottes jusque là mentionnées en Tunisie sont : la grotte de la Mine avec ses deux grandes salles, sur le flanc sud du massif du Serj (Gouvernorat de Kairouan) et la grotte d’Aïn Tseb, une rivière souterraine, sur le flanc nord de ce massif.
Alors le tourisme souterrain et géologique un des avenirs du tourisme tunisien ? L’idée est en tout cas à creuser.
Mille-et-une-tunisie.com et www.onm.nat.tn

© Nicolas Fauqué

{mainvote}