les chiffonniers entament leur errance dans les rues en plongeant dans les conteneurs à la recherche d’un gagne-pain de fortune et ne tenant pas compte des nombreux dangers et maladies qui les guettent.
Dans presque tous les pays du monde, les chiffonniers se ressemblent. Ils ont souvent une même histoire, des conditions de vie difficiles les ont menés à cette vie exténuante et dangereuse. Comme Ahmed, un jeune de 18 ans trainant un caddy de supermarché cassé et rouillé, ce sont les dures lois de la vie qui l’ont poussé à quitter l’école et à devenir chiffonnier. Pour une jeune maman de quarante ans, collecter les bouteilles avec son enfant est préférable qu’être femme de ménage. Avec plus de 50 millions de bouteilles en plastique consommées en Tunisie, il y a du travail et de l’argent à gagner. Mais à quel prix? Combien gagnent les chiffonniers de Tunisie? Quels risques courent-ils?

Dans les zones touristiques comme Hammamet ou Sousse, ils restent encore en marge des principales attractions des villes et se tiennent à l’abri des touristes. Il n’en reste pas moins vrai, qu’ils trainent aussi dans certains quartiers et font de façon régulière les conteneurs des commerces liés au tourisme comme les restaurants, les fast-food…

Si la fouille des poubelles est une image dégradante, la « chiffonnerie » aide cette population à surmonter ses conditions de vie difficiles et l’éviter de tomber dans la délinquance. La sociologue Wahiba Chabbi estime qu’il est impératif de changer la vision que la société a du métier de chiffonnier. Cela passe par la promulgation de lois régissant cette activité et protégeant les droits des personnes concernées. Il s’agit aussi et surtout d’interdire aux enfants de fouiller les poubelles.

A l’heure où l’on voit de plus en plus de mendiants se déployer dans les villes, une autre catégorie de travailleurs se propage avec les beaux jours et le démarrage de la saison touristique : les petits enfants vendeurs de jasmin et de fell. Ils trainent aux carrefours et dans les zones touristiques jusqu’à très tard dans la nuit. Où sont les services sociaux? Qui veille à ce que l’on ne fasse pas travailler des enfants?
Le travail des enfants est un problème mondial touchant tous les pays du monde. Actuellement, on estime qu’au moins 250 millions d’enfants de 5 à 14 ans doivent travailler et que près de la moitié d’entre eux sont obligés de travailler à plein temps. Des millions d’autres ne sont pas recensés et ne peuvent pas l’être. Ils sont partout mais invisibles. En Tunisie, ceux que l’on voit posent problème cependant on n’a jamais étudié le problème ou chercher à l’éradiquer de façon efficace et sérieuse.
Pour en revenir au métier de chiffonnier, celui-ci n’est pas illégale mais il peut rapidement devenir une source de délits en poussant des personnes à commettre des infractions. Comme des enfants  qui volent des matières premières, tels que le cuivre ou le fer au vu de l’augmentation de leur prix. S’ils peuvent gagner leurs vies, les chiffonniers mettent aussi en péril leur santé en contractant des maladies dermatologiques et respiratoires comme le tétanos ou l’hépatite A.

Moez Laabidi est expert en économie. Pour lui la fouille des poubelles peut réduire le chômage et la pauvreté des familles défavorisées en constituant une source de revenu, mais favorise l’impression de déclin du pays. Une image qu’une destination touristique comme la Tunisie ne peut pas se permettre.
Les métiers de la rue sont nombreux. Beaucoup d’entre eux sont certes compatibles avec le tourisme tandis que d’autres le sont moins surtout quand il s’agit d’enfants où les dérapages peuvent devenir lourds et fréquents.

Amel Djait

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