Cette itinéraire emprunte les voies utilisées il y a 1600 ans par le philosophe et théologien chrétien  Saint Augustin. Ce dernier, de son vrai nom Augustin d’Hippone né en Algérie à la fin du IVème siècle apr. JC, fut également un grand écrivain latino-berbère romano-africain.

Le projet un peu fou de créer un itinéraire culturel retraçant les déplacements du personnage historique est né dans les années 2007-2008 alors que Dominique Martinet missionné par l’Union Européenne travaille entre Le Kef, Jendouba, Siliana et Beja à une étude sur le marketing territorial du tourisme culturel du Nord-Ouest de la Tunisie. Une fois l’étude remise, son auteur tombé sous le charme de la région, s’intéresse de plus au personnage de Saint-Augustin et à ses voyages, restitués dans l’ouvrage de OTHMAR PERLER publié en 1969, « Les voyages de Saint-Augustin ». Ceux-ci suivent les voix romaines reliant l’Algérie à la Tunisie. Dominique Martinet, randonneur, et connaissant bien en France et en Espagne les chemins de Saint Jacques de Compostelle, se passionne alors pour le personnage historique et décide de retrouver avec précision les chemins empruntés pour créer un itinéraire culturel à arpenter à pied, à cheval ou à vélo. Un an d’études et de recherches documentaires approfondies entre Rome et la Tunisie et les chemins de Saint-Augustin (re)naissaient.

En parallèle l’Europe lançait un vaste appel à proposition via son programme d’Itinéraires culturels européens. Il faut savoir ici que les itinéraires culturels européens sont au nombre de 27, le plus connu étant celui de Saint-Jacques de Compostelle, mais il existe aussi un itinéraire de l’héritage el-Andalus, Les voies européennes de Mozart, La Route des Phéniciens, un Itinéraire européen des villes thermales historiques… Ces itinéraires constituent un label de qualité mis au point par le Conseil de l’Europe pour promouvoir l’esprit du voyage et les chemins favorisant les échanges culturels et humains au sein de l’Europe. Patrimoine paysager, mémoire, histoire, anthropologie et loisirs convergent alors pour une approche touristique transversale et non pas sectorielle du patrimoine.
Dans ce contexte, Dominique n’hésite pas à proposer son itinéraire maghrébo-européen la Via Augustina à l’Union européenne. C’est d’ailleurs ce projet que Dominique Martinet et les membres de l’association française Via Augustina mais aussi la présidente de la Fédération tunisienne des sports de plein air et la présidente de l’association Via Romana (association tunisienne de coordination de la partie tunisienne de l’itinéraire Via Augustina) sont allés présenter et soutenir du 7 au 10 juin dernier à Pavie en Italie lors de la 1ère édition des routes culturelles « Carrefours d’Europe ». Une image de la Tunisie comme on aimerait que l’ONTT puisse la vendre à l’étranger : innovante, intelligente, qui sait valoriser son patrimoine dans une approche dynamique et ouverte sur le monde.

Les 1ers randonneurs arriveront dès février 2013. Le projet de traçage étant fini, il s’agit à présent de procéder au balisage qui se fera cet automne en collaboration avec le ministère tunisien de la Jeunesse et des Sports et les Fédérations européennes de Randonnée.  Enfin la question de l’hébergement, condition sine qua non sur ce type de randonnées itinérantes, est assuré par les Auberges de la Jeunesse et des Sports, très bien réparties sur le territoire. Le dynamisme de ce projet de Via Augustina a même suscité des idées et des projets avec la création dans une région peu pourvue en hébergement, celle du Kef, de gîtes ruraux privés comme à Hammam Mellegue, Sers , Jerissa et à la Table de Jugurtha. Le SNCFT et la GNV se sont aussi mobilisées avec des partenariats de RANDO-PASS à des tarifs réduits pour rejoindre Tunis et pour traverser la Méditerranée jusqu’à Gênes.
A terme l’envie est de pouvoir mettre en place un guide de voyage détaillé de la Via Augustina afin que les randonneurs soient totalement indépendants. La période idéale pour randonner en Tunisie s’étale d’octobre à mars ce qui correspond exactement à la période creuse pour les randonneurs européens qui souffrent des mauvaises conditions climatiques dans leur pays.
Quand on entend le nombre de discours officiels sur l’importance du développement d’une autre forme de tourisme en Tunisie, plus proche de la population, de l’environnement et valorisant de nouvelles régions et que l’on constate malheureusement le peu d’actions politiques dans ce sens, la force des actions de la société civile et les initiatives comme celle de Dominique Martinet redonnent espoir. Tout n’est pas perdu !

Aurélie Machghoul

Pour en savoir plus : www.via-augustina.org

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