Mohamed B. est très inquiet : «Il est clair que révolution et tourisme ne font pas forcément bon ménage mais qui a une solution miracle? Peut-on se passer du tourisme en Tunisie? Qui a de l’emploi pour 400.000 personnes ? Le tourisme fait vivre presque 2 millions de Tunisiens soit 20% de la population, les gouvernants actuels le savent-ils? Pourquoi font-ils la sourde oreille et se targuent de sa reprise dès qu’ils veulent rassurer sur leur propre efficacité…»

Même son de cloche du côté des agents de voyages:«Depuis l’instauration du couvre-feu mardi, on a constaté un impact négatif: des annulations et surtout un tassement net des réservations», déclare Mohamed-Ali Toumi, président de la Fédération tunisienne des agences de voyage (FTAV). «Nous sommes là pour exiger la sécurité nécessaire à notre secteur, crucial pour l’économie tunisienne. Le calme est revenu, mais si les violences devaient reprendre, la saison serait totalement catastrophique», prévient-il.

Il y a quelques mois lors d’une conférence de presse, le Président de la Ftav avait posé sur la table plusieurs problèmes liés au secteur des agences de voyages. A ce jour, les réactions du ministère de tutelle ne se sont pas fait entendre. Manque de communication, sens des priorités, refus de représentativité? La communication entre le ministre du Tourisme et les professionnels n’a jamais été aussi consommée.

Il n’en reste pas moins vrai que la communication entre le ministère du Tourisme et ses équipes semblent aussi brouillées depuis quelques temps. Tout porte à croire que les relations au sein du ministère du Tourisme ne sont pas au beau fixe entre les diverses administrations. En témoignent les dossiers qui n’avancent pas, les directives qui ne s’appliquent pas, les réformes qui ne s’enclenchent pas… L’action révolutionnaire dans le tourisme n’est pas pour demain.

Après 7 millions de touristes en 2010 mais seulement 4,8 millions en 2011, l’objectif de la Tunisie était de remonter à 6 millions en 2012, dont 1,1 million de Français, sa plus grosse clientèle (1,4 million en 2010 mais moins de 800.000 en 2011). Qu’en sera t-il de la venue des Algériens qui l’année dernière ont enregistré une baisse de 40%? Qui sauvera la saison si la Tunisie reste à l’abri de nouvelles turbulences ?

La crise en Espagne, les inquiétudes et les catastrophes naturelles en Italie, la situation en Lybie voisine, et le ramadan qui commence le 20 juillet, pèsent négativement sur le tourisme et sa reprise. Même le tourisme intérieur semble touché: les Tunisiens semblent hésiter à partir à la plage parce qu’ils ont peur de laisser leur maison vide en ville.ils ont peur des cambriolages et appréhendent les soirées tardives devant la montée du salafisme.

A ce jour, les professionnels du tourisme sont en colère et en veulent particulièrement au ministre de tutelle Elyes Fekhfekh qui a passé son année d’un Salon du tourisme à un autre et d’un plateau télévisé à un autre en se trompant sur le rôle de sa mission.

« Les clients, nous savons où il faut aller les chercher et c’est notre métier», clameront en chœur un groupe de professionnels du secteur. «Ce n’est pas son travail. Quel est son bilan? A quoi cela sert-il d’avoir un politique qui ne pèse pas grand-chose finalement ! Un technicien aurait au moins fait avancer certains dossiers!

Et des dossiers sur lesquels plancher, il y en a la pelle…
Pour les professionnels les responsabilités du gouvernement et du ministre du Tourisme sont toutes autres : Promouvoir des produits touristiques adaptés aux différents marchés dont les plus immédiats comme le Maghrébin, assainir les unités hôtelières qui connaissent des difficultés conjoncturelles, régler le problème de l’endettement  et accélérer l’ouverture du ciel.

Les professionnels ne décolèrent pas. Nombreux sont ceux qui ont fait pareilles recommandations au gouvernement qui, visiblement, ne l’entend pas de cette oreille. !

Amel Djait

{mainvote}