les plus orgeuilleuses de Tunisie, « Jbel Rasass », qui veut dire la montagne de plomb. Lorsque l’oléicultrice sort sur le perron pour m’accueillir, je suis frappée par la douceur de ses traits et la couleur écarlate de son rouge à lèvres. Au fil de la conversation, je me hasarde à parler de certaines pratiques passéistes en rapport avec l’extraction de l’huile d’olive et sa conservation. Elle change de ton et brandit avec fermeté : « l’huile tunisienne n’a plus besoin de romantisme. Le véritable défi est de passer à la vitesse supérieure. Le vrai combat est de garder la variété autochtone et de produire une qualité. Le chétoui est la meilleure olive du mode ».  Medolea est le nom de l’huile d’olive biologique produite par Cécila Muriel. Le nom de la marque est une contraction entre Méditerranée ( Med) et Olea, le nom latin d’huile.Entretien Conduit par Amel Djait

1001 Tunisie : D’où vous vient cette passion pour l’huile d’olive ?


Cecilia Muriel
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Nous avons découvert ce lieu unique au pied du « Djebel Rassas » il y’a plus de dix ans. Les champs étaient en friche, les chemins à peine visibles, les puits ensevelis et il n’y avait ni eau ni électricité. Nous avons refaçonné ce bout de terre, avec beaucoup de travail, de passions et de plaisirs. Ce n’était pas facile tous les jours, mais avec l’aide d’une poignée d’amis merveilleux et généreux, nous y sommes réussis.
Les arbres que nous avions le plus planté étaient naturellement, des oliviers. Ce sont des arbres majestueux qui exhalent pour moi la poésie. Ils m’inspirent la sérénité et m’ont appris à façonner une nouvelle vie à leur rythme. J’ai donc, décidé de produire l’huile d’olive du domaine de façon naturelle et immédiate.

Quelles ambitions aviez-vous pour Medolea ?
J’étais très étonnée de constater que l’huile d’olive tunisienne était pratiquement inconnue en Allemagne, pays où j’ai grandi. Mon mari et moi, avions un jour décidé qu’à travers notre huile, nous parviendrions à mieux  faire connaître ce magnifique produit en Europe et pourquoi pas dans d’autres pays.
Cette oliveraie, dans laquelle nous avons aménagé un jardin méditerranéen, a aussi pour vocation d’être un lieu de rencontres et d’échanges. Le travail avec les femmes des environs nous tient particulièrement à cœur. Mon objectif est surtout la qualité.

Quel accueil fait-on aujourd’hui à votre huile d’olive ? Où peut-on l’acheter en Tunisie et à l’étranger ?
Nous n’en sommes qu’au début et déjà, notre huile rencontre une belle et étonnante reconnaissance. C’est un grand succès à l’étranger chez les amateurs, les connaisseurs et les gourmets. Medolea  est désormais commercialisée à Berlin, à Montréal et à Vienne. Nous avons aussi de petites demandes de particuliers à Paris, Hambourg, Munich, Londres…En Tunisie, notre huile est disponible  à l’espace Zmorda et au restaurant La Closerie, tous deux situés à la Soukra.

Medeloea, est ce l’histoire d’une femme avec une huile d’olive, ou l’histoire d’une femme avec un pays ?
C’est plutôt, une histoire d’huile d’olive avec une femme. Cette huile, vous savez, c’est aussi une histoire d’amitié. Tellement d’amis ont crus et continuent à croire en la « magie » de l’huile. Ils adhèrent aux plaisirs, à la joie et l’art de vivre qui l’entoure. Ils ont tous tellement et chacun à sa manière soutenus ce projet. C’est égélement le fruit de certaines relations privilégieés, de patience, de plaisirs, gout de l’aventure et aussi d’une certaine dose d’euphorie.
Dès le départ, je savais parfaitement que nous devions créer «Notre » huile d’olive. Cela signifiait intégrer un métier artisanal avec des valeurs, des origines spécifiques, une histoire, une tradition et un art de vivre. Le tout devait être associé à une technologie moderne

Que représente pour vous la Tunisie?
Une terre de partage et d’accueil. Venant d’une autre culture différente, la Tunisie m’a appris beaucoup sur la connaissance, le respect d’autrui et le partage. Le plus important est de partager le quotidien d’une société en faisant l’effort de la découvrir et de la comprendre dans son fonctionnement, ses habitudes et ses traditions.
La Tunisie, c’est surtout un pays où j’ai rencontré beaucoup de gens généreux ; je me suis faite des amis merveilleux tunisiens et étrangers avec lesquels je construis, partage ma vie et appris beaucoup de choses sur elle et sur l’echange avec le pays.

Pensez vous que vous nouveaux choix de vie prennent naissance dans votre carrière dans l’animation culturelle ? Quels sont les points communs entre le cinéma et cette vision alternative du terroir tunisien ?
Le cinéma est une autre de mes grandes passions. J’ai travaillé pendant plusieurs années au Goethe-Institut au département culturel. Mon expérience d’alors, m’a permis de mémorables échanges. Une véritable réflexion sur la vie. La production d’huile d’olive se passe plutôt dans la solitude et le travail au GI était toujours un travail d’équipe avec nos partenaires tunisiens et allemands, les projections de films, les ateliers, les performances théâtrales ou de danse étaient toujours devant un grand public, avec des artistes, des critiques, c’est un travail en public. Aujourd’hui, j’ai envie de profiter de ce calme insolite que m’offre la nature la propriété. Je prends plaisir à admirer la splendeur de la nature. Je profite sereinement du fruit de longues années de labeur à mettre cette oliveraie en place.

Vous savez, je crois que les points communs entre la production d’une huile d’olive, et le cinéma résident dans la quête de perfection et de beauté. Tous deux sont liés par la sensibilité et le refus de la médiocrité. Ils sont tous les deux, une chance de rencontres, une occasion pour aller vers l’Autre. Des échanges enrichissants, poétiques et aussi deux actes sociaux, une réflexion sur la vie, tout est dans l’attitude sociale Ce sont finalement, deux formes d’expressions qui nécessitent une très grande exigence vis-à-vis de nous-mêmes. La production d’huile d’olive se passe plutôt dans la solitude et le travail au GI était toujours un travail d’équipe avec nos partenaires tunisiens et allemands, les projections de films, les ateliers, les performances théâtrales ou de danse étaient toujours devant un grand public, avec des artistes, des critiques, c’est un travail en public.

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