Rencontre avec un esthète au sourire désarmant. Pour Mille et une tunisie, l’ami de Matisse et de Jean Marais revient sur son parcours et parle de ses ambitions. Entretien conduit par Frida Dahmani

Mille et une tunisie : Pourquoi le choix de Djerba ?

Hamadi Cherif : Depuis 1961, je suis amoureux de Djerba, même si je suis originaire de Sidi Bou Saïd. Cette île est magique. J’ai conçu « Dar Cherif » en prenant le soin de préserver et de respecter l’environnement de Djerba. Cela a pris du temps, mais tout est aux normes. Il est hors de question de dénaturer le paysage.

Un centre d’art à « Sidi Jmour », la partie la moins courue de l’île, n’est-ce pas une gageure ?

Il ne s’agit pas uniquement d’un centre d’art. C’est aussi une résidence d’artiste, car l’art comme les artistes ont besoin de milieux accueillants et sereins. Par ailleurs, l’île reçoit beaucoup d’étrangers amateurs d’art mais également des tunisiens. « Dar Cherif » est une halte artistique dans leur séjour touristique.

Cette exposition de l’École de Montparnasse et de l’École de Tunis inaugure le complexe « Dar Cherif », comment a-t-elle été réalisée ?

Pour ce qui est de l’École de Tunis, beaucoup d’œuvres appartiennent à des collections particulières identifiées. Les réunir s’est fait assez aisément dans la mesure où les collectionneurs connaissent mon activité de galeriste (Cherif Fine Art à Sidi Bou Saïd). Pour ce qui est de l’École de Montparnasse, c’est une première. On n’avait jamais autorisé, auparavant, le déplacement de collections françaises dans un pays arabe. Mais l’une des trois commissaires de l’exposition, Sylvie Buisson, est l’ancienne directrice du Musée du Montparnasse. Elle nous a accordé tout son soutien. D’autres musées français ont refusé, mais le succès de cette première opération, et les normes de sécurité que nous avons installées, les feront sans doute changer d’avis.

Quelle est la suite du programme pour « Dar Cherif » ?

Nous avons déjà un calendrier plein jusqu’en 2011. Nous présenterons des spectacles avec le Festival de la Médina et l’association Ulysse ainsi que le Cirque d’Amiens et de la danse contemporaine. Un cycle de cinéma américain sera également présenté. Nous travaillons aussi sur un colloque avec l’université de Floride autour du thème de la lumière.

Et la résidence d’artistes ?

Nous proposons « Dar Cherif » aux artistes qui souhaitent réaliser un projet dans tous les domaines de l’art. Nous avons déjà reçu une dizaine de dossiers et nous devons les évaluer.

Comment êtes-vous venus à l’art ?

Dans la vie, tout est fait de rencontres. Je finissais des études à New York et j’adorais Matisse. J’allais presque quotidiennement voir ses œuvres à la galerie d’Ernst Beyeler si bien qu’on a finit par sympathiser. Je l’ai convié à dîner avec son épouse et ils ont été bluffés car ils ne connaissaient pas ce restaurant où se réunissaient tous les artistes. C’est ainsi, qu’un an plus tard, je collaborais avec eux à Bâle. Mais je suis convaincu que tout est dû aux rencontres. L’exposition Cocteau a vu le jour grâce à Jean Marais qui m’a mis en contact avec Edouard Dermit, et nous avons emmené Cocteau un peu partout dans le monde.

Qu’en est-il du marché de l’art en Tunisie ?

C’est encore, et toujours, l’École de Tunis qui est la mieux cotée. Certains artistes plus contemporains s’en sortent avec des marchés à l’étranger. Il n’est pas évident pour un plasticien de percer aujourd’hui, car nous sommes dans un univers très technocrate et acculturé.

Dar Cherif

Centre d’Art et de culture

Sidi Jmour – Djerba (Tunisie)

Tél. : (+216) 75 620 374
Fax : (+216) 75 620 364
Site : http://www.dar-cherif.com (Ouverture du site début avril)
Courriel : cherif.hamadi@planet.tn

Et aussi…

Galerie Cherif Fine Art
20, rue de la République
Sidi Bou Saïd (Tunisie)
Tél : (+216) 71 741 733
Courriel : cherif.hamadi@planet.tn

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