Parmi ses 6 propositions, il prône de «sélectionner des ministres qui pètent le feu, surtout pour les trois ministères : Économie, Coopération internationale & Tourisme, Développement régional».

Mohamed Chawki Abid justifie ses recommandations ainsi: «Je n’ai rien contre Messieurs Chakhari, Bettaieb, Dimassi, Nabli, etc. qui sont peut-être compétents ailleurs, mais nous n’avons pas besoin de théoriciens qui peinent à gérer les priorités. Aujourd’hui, un responsable doit se focaliser sur 20% des dossiers qui pèsent 80% en termes d’enjeux».

Le ministre du Tourisme Elyes Fakhfakh ne pète visiblement pas le feu selon le conseiller économique du président de la république. Selon Carthage, Elyes Fakhfakh ne parvient pas à prioriser ces dossiers.

Au terme de cinq mois de gouvernance post 23 octobre, qu’est ce qui a changé dans un secteur qui subit de plein fouet les répercussions de la crise mondiale, l’effet des révolutions arabes et indéniablement les affres d’une année et demie de contre performances économiques, de colères sociales et d’instabilité liées à la phase de transition?

Pourtant, les chiffres sont là et ils sont à la hausse. Au terme d’un quasi semestre, les indicateurs sont passés au vert. Par rapport à l’année précédente, les chiffres enregistrent + 51% d’arrivées de visiteurs en Tunisie au cours ces quatre derniers mois. 2011 n’étant pas une année de référence, ce sont donc les réalisations de 2010 qui comptent. Cependant, la lecture des chiffres montrent que les entrées de non-résidents sont encore en recul de 11,7%. Depuis le 1er janvier 2012, la Tunisie a enregistré la venue de 1,4 million de visiteurs dont 61% de Maghrébins et 36% d’Européens. Les Libyens tiennent le haut de l’affiche avec 634 552 visiteurs tandis que du côté européen, ce sont les Français qui ont été les plus nombreux avec 228 843 arrivées.

Le tourisme tunisien aurait-il pu faire plus et mieux? De l’avis des spécialistes, il aurait surtout pu faire autrement. Un flou enveloppe la situation actuelle du secteur. Où en sont les réformes? Où en sont les IDE dans le secteur? Quelle est la visibilité pour le secteur dans son ensemble? Quid du dossier de l’endettement? Etc.

Des chiffres les plus contradictoires circulent sur le nombre d’hôtels fermés ou à l’arrêt, sur le chômage qui a atteint bien plus que les 3500 emplois perdus comme annoncé par Elyes Fakhfakh. Où en est la situation des agences de voyages qui selon certaines sources sont près de 70 à se trouver en grandes difficultés et presque autant dans le secteur des agences de location de voiture?

La lenteur dans la gestion de dossiers prioritaires et l’inaction font perdre espoir à une profession paralysée et inquiète. Et ce ne sont pas les dossiers relevant d’autres ministères et de l’action gouvernementale en général qui rassurent. Le dossier du salafisme fait perdre suffisamment à la destination. La dégradation de la note de la Tunisie par S&P coûtera bien assez cher au pays.

Dans sa démarche, Mohamed Chawki Abid tente une évaluation, du reste qui ne fait pas l’unanimité, de l’action gouvernementale. Il n’est pas le seul à appeler à la démission du gouvernement même si quelques voix s’élèvent pour assurer que ce ne sont probablement pas les partis de l’opposition qui parviennent à peine à gérer leurs luttes internes qui pourraient donner apporter plus de solutions.

Dans tous les cas, le conseiller du président provisoire estime que le ministère du tourisme doit disparaitre dans le cadre d’une réduction d’un gouvernement porté à 13 ministères. Celui-ci devra toujours selon Mohamed Chawki Abid «s’articuler autour de 13 Ministères : Défense, Intérieur, Affaires étrangères, Justice, Économie & Finances, Transport & Équipement, Coopération International & IDE & Tourisme, Agriculture & environnement, Santé & Affaires sociale, Enseignement, Développement régional & formation professionnelle, Culture & Sport & Famille, Télécommunication.»

L’opinion de Mohamed Chawki Abid sur le département du tourisme est-il trop sévère? Au jour d’aujourd’hui, que pensent les professionnels du secteur?

Un rapide tour du côté des professionnels de l’hôtellerie et des agence de voyages fait ressortir que les récentes déclarations sur les radios nationales et durant le forum de l’agence TAP d’Elyes Fakhfakh ont choqué. Une partie des professionnels estiment que le ministre du Tourisme est trop «conciliant politiquement”.

Le tourisme est-il une priorité pour ce ministre? se demandent certains.L’avis qui est partagé par de nombreux professionnels est qu ‘Elyes Fakhfakh reste bien timide, garde de la distance et essaye de défendre l’indéfendable.Une partie de la profession laisse s’exprimer son exaspération ainsi que sa déception.

En attendant plus de concertation, de dialogue pour de lendemains meilleurs, il devient clair que la révolution du tourisme tunisien n’est pas pour demain.

Amel Djait

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