Considérés comme la mémoire vivante de la région et transmis jadis de père en fils, ces métiers de l’artisanat comme le Flij, le Gtif (différentes sortes de Tapis), ainsi que diverses produits de l’Alfa, le Klim, le Margoum, la Farrachia (couverture en laine), la confection du Burnous, la Djebba et la Kachabbiya (habits traditionnels).

Malgré un relatif essor qui a permis à ces produits de sortir de la simple consommation locale pour être commercialisés à l’échelle nationale et internationale, l’activité a rechuté de manière inquiétante. Les prix de plus en plus exorbitants de la matière première ont dissuadé les artisans à continuer de s’investir dans ce domaine.

Il est, en effet, de plus en plus difficile, pour les professionnels du domaine, d’élargir leurs activités et d’offrir une formation aux jeunes générations, persuadées du manque de perspectives. Seul l’attachement aux traditions les incite à s’aventurer encore dans la fabrication des produits de l’artisanat qui évoquent à eux seuls la mémoire collective de la région.

La matière première se fait rare, a affirmé un artisan spécialiste dans la confection de la Djebba, dans la délégation de Sabbela. Pour acheter certains tissus comme la Sékrouda (soie), Kamraya (lin) ou encore el Khamri, nécessaires à la fabrication de la Djebba, il faut se déplacer à la Capitale. La rareté de la matière première et les frais de déplacement se répercutent évidement sur le prix, a-t-il souligné.

Il a appelé à ce propos à la création d’une école de formation et d’encadrement des jeunes dans les spécialités rares. Il a signalé, à cet égard, avoir assuré la formation de plus de 20 jeunes durant la période du 1993 à 1999, mais, “la plupart ont quitté le métier à cause du manque de suivi et d’encouragement”, a-t-il regretté.

De son côté, Mme Soulef Ati, spécialisée dans la confection des bibelots décoratifs, a indiqué avoir “suspendu son projet, seulement une année après le lancement, faute de soutien financier”. Elle a affirmé, toutefois, qu’elle continue de recevoir des commandes par une clientèle qui admire ses créations.

Pour sa part, M. Ridha Youssefi, un artisan sculpteur, depuis une quinzaine d’années, à Bir Lahfay, a regretté la hausse des prix des matières premières, tel que le marbre, et s’est plaint des difficultés de commercialisation et du manque de la main d’œuvre spécialisée. Il a appelé, à ce propos, à la réalisation du projet du village de l’artisan. Il a estimé que ce lieu sera un emplacement idéal pour grouper les artisans et dynamiser le marché aussi bien local que national.

Le délégué régional au commerce et à l’artisanat à Sidi Bouzid, Mohamed Taieb N’sibi, a affirmé, de son côté, avoir proposé des solutions qui sont de nature à aplanir les difficultés dans ce secteur. Parmi ces solutions, l’octroi d’allocations d’encouragement tel que la prime d’encadrement au profit des artisans dans certaines spécialités menacées de disparition à savoir les habits traditionnels, la sculpture sur bois, les articles en rotin…”Il est également nécessaire de permettre aux personnes âgées entre 15 et 40 ans de s’inscrire dans les sessions de formation au sein des ateliers d’artisanat. Cela peut susciter l’intérêt des personnes sans-emploi notamment dans les zones rurales”, a-t-il dit.

Le délégué régional a souligné la nécessité de réhabiliter des centres de formation afin d’introduire dans les programmes de formation certaines spécialités artisanales menacées de disparition.

Il a aussi, mis en relief, l’importance de prolonger de 2 ans, la période d’apprentissage dans les ateliers et auprès des artisans dans le but d’assurer une formation adéquate des jeunes et leur fournir l’appui nécessaire pour mener à bien leur propre projet.

TAP

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