Le promoteur fort de ces anciennes amitiés avec le clan Ben Ali et de ses nouvelles amitiés avec certains membres influents du la parti Ennahdha tente de faire accepter par les autorités régionales et l’opinion publique un projet dont le permis a été retiré après la révolution. Un permis accordé sous la pression du régime de l’époque et où le mélange des genres, des autorités et des abus a permis le reclassement du terrain de H à HU.
Aujourd’hui, le promoteur ne parle plus que d’explorer  60% du terrain pour faire du tourisme résidentiel, autrement dit de l’immobilier à vendre. Sans plan d’aménagement, ce projet devient de la spéculation et tombe sous le couperet de la loi. Ce terrain est le seul bien exproprié dont le statut a été changé dans la région. Plusieurs affaires sont en ce moment traitées par la justice pour des raisons similaires comme «Jinene El Hammamet» ou le projet El Kobbi.

C’est à la faveur d’une récente conférence sur les horizons du Tourisme pour la région du Cap Bon organisée par la Jeune Chambre Economique de la région que Faouzi Mrabti , promoteur de  Sea World ou de ce qu’il en reste,  tente un coup de force en essayant de défendre son projet qui se compose de 2 tours de 32 étages et 33 tours R+ 5, d’un complexe de loisirs et d’animation, d’ un delphinarium et d’un bassin à orques. Le tout mobiliserait des investissements de l’ordre de 385 millions de dinars.

Sauf que cette présentation a pris l’allure d’un passage en force devant la société civile et surtout l’équipe municipale qui se demande comment des décisions peuvent-elles être prises hors la loi? Qui œuvre à faire se réaliser pareils projets dont l’impact est plus que douteux? Quel est l’intérêt de ce projet pour la ville face à un entrepreneur qui ne parle que d’agios bancaires et qui tente de minimiser l’impact qu’il aurait sur Hamammet et son environnement? Où est le reste du projet puisque celui-ci ne consiste vraisemblablement plus qu’à une opération immobilière? Où sont la valeur ajoutée et la création d’emplois, si tant est que la ville de Hammamet pourrait avoir besoin de pareils projets? Que font l’APAL et l’INP, sachant que le projet déborde sur le littoral et se déploie sur une zone archéologique confirmée?

Une large partie de la société civile de Hammamet se mobilise avec ferveur contre le projet. La ville vit sur un plan d’aménagement qui date de 1977. Les diverses propositions du nouveau plan de 2008 ont été bloqués par l’ancienne équipe en place. Il faut préciser que Hammamet a été au cœur d’enjeux immobilio-politiques importants durant les décennies Ben Ali. Aujourd’hui, l’équipe municipale réclame la reprise du dialogue et la validation d’un plan d’aménagement vital pour sortir la ville de l’anarchie.

Pour l’équipe municipale, l’affaire est close. Le projet n’a plus de permis de bâtir et sur la base de l’actuel plan d’aménagement, elle ne peut en donner une nouvelle. Le maire de Hammamet, Faycal Merhben, soutenu par son équipe et une large partie de l’opinion publique  reste ferme : «Que les promoteurs déposent une nouvelle demande et elle sera étudiée en fonction de l’ancien plan d’aménagement et du futur.Pour le moment, la municipalité a trop à faire! Je vous laisse imaginer que les lendemains de la révolution sont durs pour Hammamet. La ville jouissait de ressources humaines et matérielles énormes venant de diverses institutions pour être agréable au président déchu. Aujourd’hui, avec des moyens très limités, nous faisons face à de gros défis. Nous sommes ravis d’avoir racheté notre propre bien immobilier qu’est l’hôtel « Yasmina », nous travaillons d’arrache pied pour embellir la ville à la veille de la saison touristique”.

Reste que l’équipe municipale en place subit des pressions énormes. Construite avec toutes les forces de la société civile et de tous les partis politiques existants sur la place, elle subit des pressions des autorités régionales et du gouvernement de transition démocratique qui semble soutenir ce projet coûte que coûte.

Reste en suspens une question : La réussite économique que veut mettre en place la nouvelle équipe dirigeante du pays a-t-elle un prix? Des limites ? Est-elle la même que celle de Hammamet ?

Amel Djait

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