Mille et une Tunisie : D’où vous vient cette passion pour la peinture ?
Selma Tria : Ma passion pour la peinture vient de mes tripes. Je l’ai réalisé après avoir touché à mon premier morceau de contre-plaqué à peine j’avais commencé avec la peinture à l’huile. Je pense avoir hérité cette passion de mon père et je me rappelle de souvenirs lointains de toiles dans le grand garage où ils y passaient des heures.

Comment trouve t- on sa voie ? Comment et pourquoi passe-t-on de la passion à un méti
er ?
Ce n’est pas encore mon métier. Je pense avoir trouvé ma voie d’expression et de délire. J’aime l’art sous toutes ses formes et je souhaiterais en faire un métier.

Que représente pour vous l’espace urbain tunisien ? Quelle place y occupent les femmes ?
Je suis une femme et je projette à travers ma peinture ma sensibilité par rapport à tout ce qui se trouve autour de moi, par rapport à l’espace, aux  formes, aux habitations, aux constructions qui, en Tunisie, mises à part les veilles bâtisses, sont mornes, ternes et de mauvais goût. J’imagine alors ma ville riche, belle et en couleurs avec des femmes omniprésentes.

La violence contre les femmes et les artistes est-elle une réalité, une exagération ou une phobie de certains ?
Je pense que c’est une réalité. Tous ceux qui agissent contre les femmes et l’Art essayent de cultiver la peur. Mais cela ne peut que nous pousser à être plus déterminés à protéger nos acquis. Les médias et notre vécu de tous les jours  montrent cette violence qui s’abat sur nous. C’est pourquoi  je pense qu’il est du devoir des journalistes et des artistes de faire en sorte que ces mouvements qui agressent nos espaces et libertés soient évincés.

Partout dans le monde les femmes subissent encore le joug d’un système patriarcal archaïque et se retrouvent ainsi dans l’enjeu de nombreux conflits politiques. En Tunisie, les femmes sont-elles devenues une vraie force depuis la révolution? Font-elles bouger les choses ? Y a-t-il des leaders féminins qui ont émergé?
Les femmes ont toujours été une force et comme dit l’adage « derrière chaque homme important il y a une femme ». Je pense qu’il est temps que la femme soit au devant de la scène et plus jamais derrière même si certains hommes sont conscients qu’elles ont des forces et de grandes capacités. Les femmes  font bouger les choses dans plusieurs domaines et font réaliser aux hommes que sans elles, ils risquent de se perdre.

Depuis la révolution, il est évident que des leaders féminins ont émergé. Elles ne sont pas encore leaders aux yeux de tous et de toutes. Elles ont besoin de soutien et de reconnaissance. Un mouvement national devrait se préparer à mon avis pour contrer ces arriérés qui était cachés dans leurs cavernes de la haine et de la bêtise pour imposer et faire respecter les femmes tunisiennes, préserver leur acquis et garantir l’avenir d’une Tunisie ouverte, tolérante et juste.

Propos recueillis par Amel Djait

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