A l’occasion de la tenue du 5ème Salon international des RH, Jamel Belahrach,  Président Maghreb de Manpower (Maroc et Tunisie), participait à une table ronde. Une occasion de développer sa vision de l’ère du Capital humain. Rencontre avec Mille et une Tunisie.

Mille et une Tunisie: Qu’est-ce que l’ère du « Human age » ?
Jamel Belahrach: En fait nous parlons de l’ère du capital humain pour dire que définitivement nous sommes passés du capitalisme au talentisme. En effet, hier, il fallait un accès au capital financier pour entreprendre et développer une activité. Aujourd’hui, cela n’est plus suffisant. Sans un accès aux talents pour créer, développer un business, il est difficile de faire la différence.

Le talent aujourd’hui est un facteur de différenciation qui accélère la performance des entreprises et de toute organisation quelque soit sa forme. Le talent ce n’est pas un diplôme. C’est un ensemble de compétences qui vont du savoir au savoir-être en passant par le savoir communiquer dans un monde qui évolue sans cesse.Les entreprises doivent intégrer cette nouvelle donne pour préparer leur avenir.

Devant les évolutions démographiques, la globalisation de l’économie et des échanges, la révolution technologique, la sophistication des besoins des clients et le développement de nouvelles valeurs des individus, il devient urgent de changer de paradigme et d’avoir une approche nouvelle dans le management du capital humain.

Les dirigeants d’entreprises doivent faire leurs propres révolutions dans leur vision des ressources humaines, l’état doit créer des ruptures dans la manière d’éduquer et de former et la société doit accepter l’idée que le diplôme n’est pas une fin en soi et qu’il faudra développer toutes les compétences nécessaires pour aspirer à entrer dans le nouveau monde du travail.

Le contexte postrévolutionnaire tunisien est marqué par un fort taux de chômage, une remise en question du niveau effectif des diplômes et un manque de maturité du salarié qui est passé du « tout devoir » à la « toute revendication ». Comment voyez-vous dans ce contexte le « glissement du pouvoir de l’entreprise à l’individu » que vous prônez?
Je ne le vois pas aujourd’hui. Je vous dis cela car la situation actuelle nous montre que chaque acteur a développé des réflexes de peur pour les uns et d’anarchie pour les autres. C’est pourquoi, il faut d’abord pacifier le territoire de l’entreprise en instaurant un dialogue serein et permanent avec des partenaires sociaux responsables et qui ont le sens de l’intérêt général et des enjeux pour le pays lui-même.

La notion de pouvoir dans nos contextes induit de fait, un gagnant et un perdant. Or, si l’entreprise gagne, le salarié gagne et le pays gagne. Ce dont je parle est d’installer une véritable démocratie sociale avec les corps intermédiaires qui doivent jouer leur rôle de courroie de transmission en évitant d’avoir des poches de délinquance sociale et syndicale. Le glissement de pouvoir aura du sens dés lors qu’un cadre rationnel a été installé avec les règles du jeu claires. La première est d’accepter que le seul créateur de richesse est l’entreprise et non l’Etat ou les syndicats.

D’autre part, que la liberté syndicale est un droit qui doit être accepté par tous dés que ce droit n’entrave pas la liberté d’entreprendre et enfin, l’Etat a un rôle de régulateur et d’arbitre. Une fois cela installé, chaque partie pourra assumer ses responsabilités et ses choix à l’intérieur et à l’extérieur de l’entreprise.

Quelles sont concrètement les actions qui vont être mises en place pour permettre cette nouvelle culture d’entreprise ?
Nous allons faire la promotion de ces nouvelles valeurs à travers les universités, les écoles et les entreprises. Nous avons planifié un road show à travers toute la Tunisie pour dialoguer et sensibiliser chaque partie prenante à ces nouveaux défis que nous pouvons relever en Tunisie.

L’énergie est là et il nous suffit de la canaliser en disant la vérité tout en créant les conditions du succès. Le véritable enjeu est de redonner un espoir à toute une jeunesse qui a besoin de croire qu’elle pourra jouer un rôle demain dans le marché du travail et chemin faisant, dans la société tunisienne.

Quel rôle Manpower dont vous êtes le Président Maghreb (Maroc et Tunisie) va-t-il jouer dans l’avènement de cet « Human age » ?
Un rôle modeste en contribuant là où nous pourrons le faire, à chaque fois que nous serons sollicités. Nous voulons par notre métier et notre offre de service, montrer que nous pouvons réussir économiquement tout en étant socialement responsable en accompagnant un pays avec une histoire certes, mais une nouvelle histoire à écrire et nous voulons demain dire à travers nos équipes internes « Nous y avons contribué ».

Propos recueillis par A.M.

En savoir plus : www.belahrach.com

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