Après Ali Larryedh pour insinuer que si les touristes ne revenaient pas c’était de la faute des médias, c’est au tour d’Elyes Fakhfakh, ministre du Tourisme, d’exprimer son dédain envers la presse tunisienne. A quoi cela rime-t-il de boycotter cette dernière quand le pays a besoin de transparence et de concertation ? Pourquoi exclure les médias  à un moment où tous les intervenants devraient travailler ensemble pour trouver des solutions ? Certes les médias ont un vrai travail de fond à réaliser dans notre pays et les mentalités doivent changer mais le fait de purement les ignorer aide-t-il ce changement ?

A moins qu’Elyes Fakhfakh  ne se soit laissé prendre à un tempo qui n’était pas le sien. Etrange qu’au même moment où le gouvernement et plus précisément le parti Ennahdha à travers son chef Rached Ghannouchi décide de se réconcilier avec les médias tunisiens, Elyes Fakhfakh s’acharne maladroitement à les ignorer. Dans un contexte marqué par l’amateurisme du gouvernement qui a bouclé  ses 100 jours d’exercice et dont le bilan est loin d’être brillant, le ministre du Tourisme est-il en décalage par rapport au rythme donné par Ennahdha ? Faut-il lui rappeler qu’il est ministre Ettakatol ? Mais il est vrai que ce gouvernement est dénué de toute appartenance politique et que c’est le bien de la Tunisie qui prime par-dessus toutes les contingences!

Pour le moment, le gouvernement gagnerait à travailler avec plus de concertation, à élargir son rayon et à prendre en compte les appréciations, critiques et propositions des médias et de la société civile. En phase d’apprentissage, ces derniers assument un rôle fondamental et constituent un vrai contre-pouvoir dans cette démocratie à construire. Ils tranchent avec les discours officiels, mettent en lumière les maux d’où qu’ils proviennent.

Les alertes que cette société civile a données n’ont-elles pas prévenues de la situation de crise et d’isolement vers laquelle se dirigeait le gouvernement ? N’ont-elles pas annoncées les diverses perceptions dont l’impact sur le tourisme n’est plus à prouver? Le gouvernement pataugeant, n’a pas su ou pu les prendre en compte cherchant  les erreurs là où elles ne se trouvaient pas uniquement. Gouverner c’est comprendre, proposer et agir.

Est-ce des  journalistes qui ont proféré des slogans antijuifs lors de certaines manifestations et orchestré les scènes de violence contre les artistes ? Sont-ils responsables de la montée de l’extrémisme religieux, de la recrudescence du banditisme, de la délinquance et de la mendicité qui se répand ? Sont-ils coupables de la laideur des villes, de la saleté que l’on ne ramasse pas, de la contrebande qui ne finit pas…

Allons donc, si ces fléaux continuent de se propager à un moment où tout est à reconstruire, c’est que le gouvernement peine encore à agir. S’acharner contre les médias ne relève finalement que de l’incapacité à être force de propositions et d’actions. Et si cette aversion maladroite de la direction du tourisme envers les médias ne camouflait qu’un manque de vision ? Reste à savoir si c’est un manque de vision touristique… seuls les prochains jours nous éclaireront à ce sujet !

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