Voici donc le tour des librairies d’être menacée. La semaine dernière, c’était  une librairie spécialisée dans le centre ville de Tunis d’être inquiétée. Elle vendait des livres sur le chiisme.

Pour le responsable de la Librairie Mille feuilles , le message est on ne peut plus clair. S’il ne retire pas le livre, ils vont venir… Qui sont-ils ? Que veulent-ils et que peuvent-ils ? La terreur serait-elle en train de ramper sur la Tunisie ? En tous cas, la résistance s’organise et Lotfi El Hafi, propriétaire du lieu, déclare ne pas vouloir céder. Ce livre (et tant d’autres) se vend depuis 6 ans. La librairie organise plusieurs événements artistiques par an et reste l’une des rares librairies de qualité en Tunisie.

Annoncé sur Facebook et relayé par la presse, l’incident suscite la mobilisation et provoque multiples réactions. Entre ceux qui crient à la manipulation prétextant que ce sont des actes isolés et ceux qui décrient ce genre de craintes gonflées argumentant que les vrais problèmes sont ceux du froid et de la faim dont souffrent les tunisiens dans un contexte marqué par l’effondrement économique, il y’a un bien plus qu’pas. La censure revient de diverses manières et se matérialise dans les agressions sur les journalistes et la mise à l’écart de certaines de ses figures comme Heythem El Mekki, éloignée de la télévision tunisienne pour son style osé et son esprit critique.

Pour en revenir à l’«affaire» de la librairie, c’est peut être une initiative personnelle émanant d’une personne  qui se refuse de voir une représentation artistique d’un corps humain, mais cela  pourrait tout autant être le fruit d’un groupe organisé œuvrant pour la censure et la moralisation de la société. Et cela a marché  au moins une fois sur deux. En effet, sur le coup de la peur, la libraire du centre ville menacé en fin de semaine dernière a fermé ses portes. Combien d’autres résisteront ? Ces intimidations ne sont-elles pas un  prélude à une vague d’intolérance qui s’abat sur la Tunisie ?

Dans le contexte actuel, il est important de ne pas céder à l’intimidation de ces fous d’un islam qui n’est pas le nôtre, tout en évitant d’entrer dans une spirale de violence qui ne servirait que les desseins de celles et ceux qui enfoncent la Tunisie dans la régression sociale, économique, culturelle et religieuse…

Il convient de rappeler qu’en fin d’année 2011, les hebdomadaires français ‘Le Point’ et ‘L’Express’ n’avaient pas été diffusés en Tunisie car selon une version des faits la Société tunisienne de presse (Sotupresse) avait évité de distribuer des magazines « par respect aux valeurs sacrées de l’islam et du peuple tunisien… parce qu’il y a atteinte inacceptable à la religion musulmane».

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