Le film crée aussitôt la polémique. En quelques heures, plus de 15000 commentaires sont postés sur la page Facebook de la chaîne dénonçant manipulations, désinformations, contre vérités.

On y voit un Ben Ali conciliant et calme, se faisant consoler par une diseuse de bonne aventure. On y montre ses filles, désemparées, pleurer dans leurs volontés de le sauver… L’agitation au sein de ses troupes est à son comble lorsque invité surprise débarque dans la reconstitution. Il s’agit de Rached Ghannouchi. Seriati informe Ben Ali que celui-ci va probablement renter… Une manière maladroite et malhonnête d’introduire le personnage dans la révolution tunisienne afin d’en écrire une certaine vision. Cette vision est aussitôt contestée par la jeunesse qui s’est lâchée sur les réseaux sociaux, invitant El Arabiya à ne pas déformer l’histoire en la diluant à la sauce “golfique”!

En gros et en attendant le reste des deux épisodes, le film d’El Arabiya invite à retenir que Ben Ali a été induit en erreur, que ses ministres tremblaient pour lui et que, bien entendu, les Trabelsi sont les seuls vrais méchants! Un pseudo film qui nuit à la révolution tunisienne.

Les rapports diplomatiques de la Tunisie avec  l’Arabie Saoudite où se rend le Premier ministre Mohamed Jebali sur invitation de Riyad, sont tendus depuis que le royaume a donné l’asile au président déchu.  Pourquoi l’Arabie Saoudite produit-elle pareil film ? Cherche-t-elle à redorer le blason de Ben Ali ou à le réhabiliter ? Qui a peur de la révolution tunisienne au point de chercher à l’entacher ? Que craignent les Saoudiens ?

Quelques minutes avant la transmission du film d’”Al Arabiya”, c’était au tour de Mohamed Ghannouchi, de ré apparaître sur “Al Wataniya”. Un entretien où l’ancien Premier ministre revenait en détails sur les faits de ce fameux 14 janvier 2011, niant certains des propos qui lui sont attribués. Pourquoi Ghannouchi se décide t-il à parler maintenant ? Qu’a-t-il dit qui justifie son passage à une heure de grande écoute et quelle réécriture de la révolution veut-on faire dans un contexte tendu politiquement ? Pourquoi se décider à révéler au grand jour une dimension coup d’état la veille d’une fête dont tout porte à croire qu’elle n’aura pas lieu?

Amel Djait

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