Ces fonds seront débloqués en fonction des réformes entreprises et de l’avancement du processus démocratique dans chacun de ces pays.Qu’en est –il pour la Tunisie?Quand reviendront les touristes allemands?Comment se comportent les entreprises allemandes installées en Tunisie ?

Les liens politiques et économiques qui unissent l’Allemagne à la Tunisie sont solides et traduisent la confiance du gouvernement et des investisseurs allemands dans notre pays. 280 entreprises allemandes sont implantées en Tunisie. Aucune n’a cessé son activité malgré les évènements et la révolution en cours. Le président du parlement a précisé que d’autres investisseurs allemands pourraient s’implanter en Tunisie dès un retour à la stabilité politique dans le pays. Pour le moment, la présidente de l’UTICA, Wided Bouchamaoui informe que 120 entreprises étrangères ont définitivement quitté la Tunisie pour d’autres cieux.

« Nous, les allemands, sommes les mieux placés pour savoir qu’une démocratie ne peut s’exporter d’un pays à l’autre, que chaque pays à ses spécifiés culturelles et historiques et ses attentes, que chaque pays construit sa propre démocratie et qu’on ne peut imposer un moule» précisant que l’Allemagne ne s’inscrit pas en donneur de leçons » a déclaré M. Lammert. Concret, le Bundestag a décidé de mettre en ligne sur son site web une version traduite en langue arabe des textes législatifs les plus importants tels que la constitution allemande et le règlement intérieur du parlement fédéral allemand, la loi sur les partis et leur financement, etc. Au mois de juin dernier, c’était Ernst Burgbacher, secrétaire d’Etat allemand auprès du ministre de l’Economie et de la Technologie, chargé du Tourisme et des PME de venir en Tunisie. Il proposait un partenariat plus étroit avec la Tunisie dans le domaine des énergies renouvelables alors que les tunisiens restent soucieux du retour des touristes allemands.

Plus d’un million de vacanciers allemands venaient en Tunisie en 2000.En 2008, ils n’étaient plus que la moitié. Avec la révolution leur nombre a encore chuté. Hormis le contexte actuel, il s’agit de comprendre pourquoi nous n’avons pu retrouver nos performances alors que d’autres destinations, y sont parvenues? Pour résumer, disons que le Produit (qualité, diversification), le marketing (image et prix) et l’environnement (nature et marché sont les mots et maux clefs. La destination Tunisie a concentré tous ses efforts sur le segment balnéaire orienté famille. Cela a fait son succès. Elle en est restée prisonnière. Aujourd’hui, les hôteliers tunisiens sont en mal de clients et les opérateurs allemands attendent de la diversification qui ne vient pas. Si le prix de la destination se situant, avant la révolution, autour de 53 euros (nuitée +aérien) est le moins cher du bassin méditerranéen, le rapport est rouillé entre des opérateurs allemands qui appellent à plus de qualité et des professionnels qui souffrent d’une énorme pression tarifaire. Avec de telles pressions sur les prix, il est quasiment impossible de revaloriser le produit et les autres répondent pourquoi payer plus cher un produit qui ne le vaut pas !

Et le tourisme?
Quoique crue, la réalité est que le tourisme tunisien ne parvient pas toujours à s’adapter aux attentes d’un monde qui communique beaucoup et bouge très vite. Trop longtemps pensé pour et par des hôteliers, la destination a lassé. Elle n’a pas su se réinventer pour susciter à nouveau de l’intérêt. Ceux qui disaient « nous ne savons pas nous vendre » pourraient dire, une révolution après, nous ne sommes pas arrivées à convertir un « standing ovation » du monde entier. L’image est bonne. En avons-nous et savons nous en profité ?

Avec 82,5 millions d’habitants, l’Allemagne est le pays le plus peuplé de l’Union européenne qui a une grande tradition de voyage. Longtemps considéré comme le plus important pays émetteur de touristes au monde, il subit d’importantes transformations au niveau des comportements du marché et de ses attentes. Le classement de destinations préférées des allemands a aussi changé. L’Espagne, l’Autriche et l’Italie, occupent désormais le haut du podium. La France, longtemps favorite, est reléguée depuis 2000 à la quatrième position et les allemands portent désormais une vraie passion pour la Turquie qui vise pas moins de 30 millions de touristes par an.

Selon diverses études, la tendance des produits les plus vendus en Allemagne sont la remise en forme, les séjours actifs, le tourisme urbain et les offres spécifiques pour les seniors et les croisières. Avec une clientèle vieillissante (1/3 a plus de 55 ans ) il s’agit de répondre à la hausse du tourisme des seniors prévue pour les dix prochaines années. Autre constat, la tendance du marché n’est plus au discount. L’allemand a aussi une plus grande attirance vers le luxe. Les experts prévoient que le segment des voyageurs indépendants(FIT) devrait à terme, représenter près de la moitié des touristes. Une aubaine pour la Tunisie si elle investit le net et lâche son ciel.

Aujourd’hui, alors que de nombreuses destinations sont prises de front par les révolutions, les marchées émetteurs subissent une crise sans pareil. Le monde du tourisme subit de profondes turbulences sans précédent. C’est aujourd’hui, qu’il est essentiel de trouver des moyens efficaces de promouvoir sa destination à moindre coût. Avec efficience et inventivité. A ce prix là, les allemands reviendront après la tempête. Amel Djait

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