Le soir ils sont claustrés dans des boxes exigus, une sorte de cachot humide, conception des années 60, et qui dissimule beaucoup de misère. Rien à avoir avec les lits douillets de la savane. Les cas d’insomnie se multiplient. Le jour, ils sont esquintés et d’humeur maussade au point de refuser la nourriture. Car leur unique souci et de récupérer toutes ces nuits blanches accumulées au fil du temps.

Les fauves acceptent mal leurs conditions d’hébergement
Ce sont surtout ces félidés fiers qui acceptent mal leurs conditions d’hébergement. Par manque de “sérénité”, les cas de cannibalisme augmentent chez ces espèces. Au début de l’année, une lionne a dévoré ses petits pour mieux les protéger. Un coup très mal reçu par la direction du zoo qui ambitionne, pourtant, de voir les animaux sauvages se reproduire.

“Ils sont toujours éméchés et mal en point, je viens assez souvent avec mes enfants mais on a rarement eu la chance de les voir debout” regrette une mère, en regardant désespérément en direction de la cage des lions. “Eux aussi ils sont sujets à la dépression” ironise une jeune fille. “C’est la nature des fauves, ils ne commencent à se mouvoir que lors des heures des repas”, rassure Dr Omar Neifer directeur du parc zoologique du Belvédère.

Seuls les guépards ont besoin d’espace. L’aménagement d’une nouvelle aire naturelle de 1000 m2 est prévu pour les besoins de cette espèce. Une autre aire boisée abrite depuis deux ans un couple de lions. Les autres attendent encore dans de tristes cages cimentées. Nous avons choisi d’aménager au fur et à mesure le zoo sans être obligé de le fermer au public.

Remplacer les anciennes barrières par des obstacles naturels
Notre objectif est, aussi, de remplacer les anciennes barrières par des obstacles naturels comme l’eau, les câbles électriques et les vitres. Une bonne nouvelle qui présente des risques liés à la sécurité des animaux.

Pour attirer l’attention des animaux, certains visiteurs dont le nombre augmentent considérablement durant le week-end n’hésitent pas à lancer des aliments inadaptés à leurs  régimes alimentaires (pain, kaki..), provoquant la “diarrhée du lundi”, explique Dr Neifer. D’autres visiteurs vont même jusqu’à lancer des pierres ou sauter par dessus les grillages pour toucher l’animal, lui causant des entorses et des fractures. Plusieurs cas de décès de mammifères, à l’origine de l’ingurgitation de sacs en plastique ont même été enregistrés. Devant le nombre réduit des gardiens 7 en tout (5 gardiens de jours et 2 veilleurs de nuit) des cas de vol d’oiseaux, de moutons et de chèvres ont eu lieu dans le zoo.

Le parc du Belvédère, cette bouffée d’oxygène en plein centre ville, a été sauvé de justesse de la convoitise des proches du président déchu. Durant la période passée, l’acquisition de nouvelles espèces se faisait de plus en plus rare en l’absence de travaux d’extension et d’amélioration d’envergure à part quelques interventions, propres initiatives du responsable des lieux, médecin vétérinaire spécialisé dans les animaux sauvages, une discipline presque inexistante en Tunisie.
Plusieurs travaux ont été suspendus par les agents de la municipalité de Tunis pour des chantiers jugés plus importants.

A quand une association des amis du zoo?
En plus d’une équipe de vétérinaires, une dizaine de  soigneurs s’occupent de la population du zoo. Ils sont dans la plupart des travailleurs des chantiers engagés par la municipalité et qui viennent juste d’être titularisés après de larges mouvements de protestation observés par les agents municipaux.

Les soigneurs sont formés sur le terrain. Ils ont appelés à alerter sur la moindre anomalie, physique ou comportementale détectée chez l’animal. Avant, un technicien en animaux était engagé pour assurer la médiation entre les soigneurs et les vétérinaires et offrir une meilleure prise en charge des espèces. Poste supprimé depuis quelques années.

Dans les années 80, M. Zakaria Ben Mustapha, alors maire de Tunis, a élaboré, en faisant appel à un architecte allemand, un plan cohérent d’extension du zoo sur une partie du parc du Belvédère qui s’étend sur 110 ha. Un document qui est resté lettre morte. Pour Dr Neifer, une association des amis du zoo à l’instar des amis du Belvédère est de nature à soutenir les efforts visant à améliorer les conditions de vie des animaux.

Le parc attend aujourd’hui le déblocage des fonds pour l’acquisition de nouvelles espèces avant la fin de l’année afin d’occuper les quelques bassins encore vides ou remplacer l’éléphant mort il y a plusieurs années.TAP


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