L’étude de terrain a été menée d’avril à juin 2007 par le Dr. Sonia Ben M’rad en Tunisie – Tunis, Nabeul, Sousse, Sfax, Djerba – mais aussi à l’étranger en Libye, en Turquie et complété par une étude du cas de l’Italie. Les visites d’ateliers, de boutiques, d’usines, les entretiens directs avec des artisans, des fabricants, des commerçants, des grossistes, des anciens du secteur et des plus jeunes  mais aussi  des ministères, syndicats, chambres professionnelles, groupements professionnels et centres techniques rattachés au secteur de la Bijouterie en Tunisie et à l’étranger ont permis de collecter la parole des professionnels du secteur et de comprendre pourquoi ce domaine d’activité était en déclin en Tunisie alors qu’il existe un vrai savoir-faire.

Le constat était que le secteur de la bijouterie d’or était moribond. Celui-ci se mourait depuis plusieurs années, et perdait non seulement progressivement toute sa main d’œuvre et la créativité qui avait fait sa gloire mais plus grave encore, les pratiques illégales avaient tendance à se démultiplier au détriment de la qualité du produit final et de l’acheteur.

Les rencontres en Turquie, Libye et l’étude du cas Italien ont beaucoup apporté également à l’étude puisque il a ainsi été possible de comparer le mode de fonctionnement de la Tunisie avec celui qui a fait ses preuves dans ces pays et de faire des propositions concrètes.

Une réforme historique.

La réforme actuelle qu’un décret loi a validé est historique. L’or tunisien, après près de deux décennies d’une taxation lourde, n’est plus taxé du tout, ce qui est une véritable révolution dans le domaine. Les machines sous pression, qui étaient sous scellé depuis plus de 20 ans, ne sont plus sous scellé et sont utilisées comme toute machine de production normale. Donc les fabricants  de bijoux peuvent en toute liberté  expérimenter de nouveaux modèles, et produire en plus grande quantité et avec une bien meilleure qualité. Leur créativité va pouvoir à nouveau s’exprimer, et leur performance sera accrue.

Enfin, l’accès à l’or sans poinçon tunisien est devenu légal. Avant la réforme, il était totalement interdit au bijoutier de posséder dans ses tiroirs, de travailler ou même de manipuler une pièce en or qui ne soit pas poinçonnée tunisienne, ce qui n’empêchait pas ces pratiques en toute illégalité. A présent, il est possible de travailler légalement cet or sans poinçon tunisien.

Dans l’étude réalisé par le Dr ; Sonia Ben M’rad il était également préconisé la disparition du poinçon d’Etat pour se contenter, comme la majorité des pays du monde, du poinçon de Maître (le poinçon personnel du fabricant)  et du titre (le nombre de carats (9, 16, 18 ou 24 carats)). Il s’agit de responsabiliser les vendeurs et commerçants de la marchandise qu’ils acquièrent et vendent dans leur boutique, et d’arrêter ainsi le fléau des faux poinçons. Par ailleurs le poinçon d’état (payant pour le fabricant) présente plusieurs problèmes techniques, ajoute encore au coût du bijou pour le client et alourdit la procédure de travail du bijoutier sans offrir aucune garantie effective au client. Espèrons que cet aspect soit ajouté à la loi très prochainement.

Enfin, le garant de la réussite de cette réforme historique est également basé sur un contrôle rigoureux par des fonctionnaires qui ne doivent en aucun cas « faire carrière » dans un poste de contrôleur, mais y rester au maximum deux ans, afin d’éviter les complaisances et la corruption.


{mainvote}