Un mouvement de protestation face à une absence totale de réaction de la part du gouvernement. Il est en effet choquant de constater la facilité avec laquelle ces constructeurs sont entrés la nuit sur un site archéologique classé par l’Unesco. On peut également se poser des question sur le silence du ministère de la Culture…Ainsi, Dimanche, Mille et une Tunisie était sur place, à la mairie de Carthage. Ce ne sont pas moins d’une centaine de personnes qui sont présentes dans la salle principale. Des militants dressent des pancartes aux messages de colère et de rappel : Carthage la légendaire appartient au patrimoine mondial de l’humanité. Pour faire le point de la situation, rencontre avec Mohamed Ali Hammami, vice président de la municipalité :

Mille et une Tunisie : Comment expliquez- vous que de telles entreprises soient possibles, et surtout, l’absence de réaction de l’Unesco qui avait pourtant classé le site ?
En 1984, des archéologues de l’Unesco ont inscrit le site « parc archéologique de Carthage et Sidi bou said » au patrimoine mondial de l’humanité. Mais il y a 4 ans, Ben ali et la famille Trablesi déclassent le terrain et décident de construire. L’Unesco ne peut rien faire : c’est le gouvernement qui a le pouvoir à l’époque. Mohamed Ali Ben Achour lance alors un décret sur la sauvegarde de patrimoine mais le terrain était déjà viabilisé.

Mille et une Tunisie : Comment se positionne néanmoins la loi face à ce problème ?
On a une loi qui stipule que tout terrain qui a été classé dans l’ancien régime n’aura pas le droit d’avoir un permis de bâtir, c’est une ligne de conduite.

Mille et une Tunisie : Alors comment se fait-t-il que ces gens aient dépassé la loi en toute impunité ?

Les gens ont payé pour avoir un terrain, ils ont d’abord acheté des terrains qui ont été déclassé sous l’ancien régime, avec permis de bâtir, donc viabilisé, donc il n’y avait donc pas de raison qu’ils n’achètent pas.

Mille et une Tunisie : Quelle serait alors la solution, au jour d’aujourd’hui ?
D’après la loi de reclassement de ce terrain, le gouvernement a proposé de se porter garant et de reverser les dommages et intérêts aux nouveaux propriétaires mais ils n’ont pas voulu : ils préfèrent leur terrain…

Mille et une Tunisie : Mais par acte citoyen et pour la sauvegarde de l’histoire, les propriétaires pourraient raisonnablement accepter le dédommagement de la municipalité…
Oui, mais le problème ce sont les maisons déjà construites, et habitées, donc c’est très délicat de les détruire car on pourrait casser des vestiges en dessous. L’état a laissé faire, il est donc difficile de revenir en arrière.

Mille et une Tunisie : Quel est le profil des revendeurs (promoteurs, etc.) ?

Les gens qui ont vendus ont signé l’appel de Ben Ali ! Vendredi, dès qu’on a appris ce que faisaient les promoteurs, on a réagi, ils voulaient peut être détruire les preuves historiques, c’est un acte criminel ! Concernant la personne arrêtée Samedi dans la nuit, il s’agit sans doute d’un travailleur pour le compte des promoteurs et qui aurait lui même un terrain là bas.

Mille et une Tunisie : De tels actes nécessitent l’intervention d’équipes et de grues. Donc, comment se fait-il que le site soit si facile d’accès en pleine nuit ? Comment est-t-il protégé ?

Par la police municipale qui fait des tournées, mais on a juste deux policiers, et pas de poste de police, et ce sont eux qui sont intervenus, ont arrêté et déposé une plainte contre l’individu qui a œuvré dans la nuit de Samedi.

Mille et une Tunisie : Vous êtes confiant dans l’avenir ? Et concernant l’Unesco ?

Oui, je le suis, mais il faut mobiliser les gens afin de faire un procès de jurisprudence pour que ça n’arrive plus jamais. Concernant l’Unesco, des plaintes et des mesures juridiques allant s’enregistrer, elle va peut être pouvoir désormais intervenir, et les choses vont se concrétiser de plus en plus.

Lundi les travaux ont repris. Le combat sera rude, et Carthage mérite telle mobilisation. Une pétition est désormais en ligne pour soutenir cette cause :

Propos recueillis par Nadia Jendoubi

Pour signer la pétition :

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