Le jardin du « Dar Zarrouk » est mis en valeur par de magnifiques arbres et de nombreux salons parsemés sur la terrasse. Pas une bougie, pas une fleur, pas un photophore… Au vu de l’affluence en ce mois saint, on détériore l’ensemble en y rajoutant des chaises dis harmonieuses. Alors que des clients se trouvent face à l’une des plus belles vues du monde, certains sont invités à dîner avec vue sur des cageots vides de boissons que l’on n’a pas pensé débarrasser ou cacher. Dès l’entrée, cela augure de la manière avec laquelle ce lieu est désormais tenu. La suite du repas le confirmera !

 

Des parasols troués, des nappes trop courtes, de la vaisselle dépareillée, des bacs à fleurs abandonnés, des luminaires dont les ampoules ont grillé et qui n’ont pas été changées, des chaises avec coussinets et d’autres sans, une des terrasses du restaurant sert même de dépotoir… Trop de détails qui agressent et agacent. Même la beauté du coucher du soleil n’arrive pas à captiver le regard.

Sur la table des raviers défraichis sont posés en guise d’assiette de patience : Ricotta, pommes de terre, harissa, olives, dattes… Le menu est aussitôt attaqué sans même être présenté ou expliqué. Je ne peux m’empêcher de penser à cette table de trois étrangers devant qui l’on pose les plats sans un mot ! Aucune indication sur le rituel, aucune explication sur le voyage que l’on promet ou  sur la composition du menu, des ingrédients, des plats, des ses origines…

«Au menu : un  Hssou bel kaaber ». La soupe est parfumée malgré les boulettes insipides. Servie dans des assiettes trop grandes, on n’hésite pas à conclure que la quantité préparée est finie. La déduction se confirmera plus d’une heure après.Pour le plat de résistance, les clients avaient le choix entre des « noisser » à l’agneau et un poisson à la « sfaxienne ». Ce soir là, la majorité des 120 clients optaient pour le plat traditionnel fait à base de pâtes. La cuisine avait prévu autrement. Le serveur se perd littéralement dans des explications hasardeuses…

Résultat on attendra plus d’une heure 15min pour un plat décevant malgré la qualité des pâtes fraîches ! Le comble, la viande accompagnant les « noisser » venait d’une autre préparation. ! Sans commentaires. Faut-il signaler que la brick à l’œuf a été servie après plus de 26 min. d’attente suivie d’une salade tunisienne rudimentaire. Et pour comble, on propose en guise de dessert une crème de pistaches qui n’avait de crème que le nom. Une soupe, oui !…

Pour en revenir au service, il était à peine digne d’une cantine. Des serveurs stressés, discourtois, qui s’ennuyaient à servir et desservir, multipliant les impairs durant le repas et avançant des explications souvent de mauvais goût face aux réclamations qui affluaient. Ils ne perdaient pas non plus une occasion pour charger les propriétaires du lieu qui ne veulent pas investir en ces temps de crises ! Ce soir là, un « iftar » familial tourne au tourment.

Le dîner durera plus de 2h35. La salle dans son ensemble était en totale décalage. Alors que certains arrivaient aux plats de résistance d’autres attendaient inlassablement l’entrée. Bref, une expérience à ne pas renouveler. Dommage, en ces temps de crise où une sortie compte dans le porte monnaie de ceux qui payent et devrait ravir des structures qui trinquent depuis quelques mois difficiles.

Le mois saint aurait pu être une belle occasion pour gâter sa clientèle. Il est clair qu’au vu du peu de concurrence dans le village mythique de Sidi Bou Saïd, ce sont toujours les mêmes qui font un peu ce qu’ils veulent et beaucoup n’importe quoi ? Prix d’un dîner bâclé : 55 Dinars. Le gâchis lui n’a pas de prix !

Amel Djait

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