Utilisé dans plusieurs pays arabes, la chéchia serait toutefois tunisienne. Et plus exactement de Kairouan où elle serait née au 2ème siècle de l’hégire. Nous sommes au 9ème siècle du calendrier chrétien. L’Espagne est décimée par la bataille de Grenade, ce qui poussent les Maures à fuir vers la ville sainte tunisienne. Ils y apportèrent ce qui était d’abord un turban en laine cardée. Intéressant quand on sait qu’aujourd’hui, en français, un turban s’appelle un chèche…

Et la chéchia de se répandre dans tout le monde arabe, changeant de style selon les pays. Noire en Lybie, elle est, par exemple, plus haute de forme au Maroc où elle est appelée Fez.

Malgré les époques, la chéchia a toujours gardé son authenticité, imposant une fabrication longue et délicate, réservée aux maîtres artisans appelés « Chaouachi » :

-Djerba et Gafsa : Filage de la laine peignée
-Ariana : Confection par le tricot de petits bonnets appelés « Kabbous »
-El Batan : Foulage dans la Medjerda (fleuve), et détrempage à l’ancienne : avec les pieds…
-El Alia : Cardage au chardon (aujourd’hui, à la brosse métallique)
-Zaghouan : Teinture rouge vermillon
-Tunis : Mise en forme et finitions par le maître chaouachi
Cependant, dès les années 60, la jeunesse tunisienne boudera la chéchia au profit de la mode occidentale, ne réservant le petit bonnet rouge qu’aux occasions culturelles et familiales. Ainsi, nombreux artisans abandonneront le métier, laissant la fabrication industrielle prendre du galop.
Mais aujourd’hui, de jeunes créateurs de mode tunisiens ont modernisé la chéchia, notamment dans ses couleurs, faisant d’elle un véritable accessoire hype. Côté économie, la Tunisie se place au premier rang des pays fabricants, exportant le savoir faire tunisien vers tous les pays arabes portant la chéchia.

Nadia Jendoubi

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