Mille et une Tunisie : Qu’est ce qui vous a amené à pratiquer la plongée et à en faire votre métier ?

Sélim Baccar : Adolescent, un ami de mon père, passionné de plongée, m’a fait découvrir ce sport. J’ai tout de suite mordu. Il m’a initié,  et nous avons fait pas mal de sorties en mer, en amateur, pour le plaisir. Par la suite, alors que je poursuivais aux Etats-Unis mes études en industrie et commerce, en 1996 exactement, et qu’il me fallait choisir une option universitaire, j’ai opté pour la plongée. J’ai ainsi pu me perfectionner et surtout passer les différents niveaux jusqu’à l’obtention du diplôme de moniteur. De retour en Tunisie en 2002, et après avoir travaillé dans la continuité de mon diplôme, je me suis vite rendu compte que cela ne me convenait pas du tout. Un concours de circonstance m’a ensuite permis,  en 2003, de créer le club de plongée  Odysea dans l’enceinte de l’hôtel « Le Sultan ».

Mille et une Tunisie : Quelle est votre clientèle et quelles sont les périodes les plus propices pour plonger en Tunisie ?

Nous avons une clientèle française, allemande, italienne, espagnole et puis un panel d’autres nationalités, représentatif du tourisme tunisien dans son ensemble. Les gens viennent essentiellement au club Odysea de l’hôtel « Le Sultan » pour des baptêmes de plongée ou de l’initiation, le golfe d’Hammamet, assez peu profond et vaseux, s’y prêtant bien. Nous avons également une clientèle de plongeurs expérimentés qui viennent spécialement plonger sur des épaves ou réaliser des documentaires. Nous nous rendons alors à Kélibia  où nous avons ouvert un deuxième club Odysea car les fonds sont plus profonds et que différentes épaves existent au large.

La saison touristique de la plongée en Tunisie s’étale d’avril à mi novembre avec une pleine activité en juillet-août et un petit creux en juin ainsi que la 1ère quinzaine de septembre. Mais en réalité, la Tunisie offre le grand avantage de pouvoir plonger toute l’année. Les différentes façades maritimes permettent, en fonction du vent et des courants,  des alternatives.

Mille et une Tunisie : La Tunisie a-t-elle le potentiel pour constituer une destination touristique plongée ?

Oui bien sur, la plongée constitue un vrai potentiel pour la Tunisie,  alors qu’on parle depuis 10 ans de diversification touristique. Comme je le disais,  ce sport peut se pratiquer toute l’année,  ce qui est un atout de poids. De plus, au large de nos côtes, il y a de nombreuses épaves datant de la 2ème guerre mondiale à découvrir, à filmer… Malte,  par exemple,  qui est la 1ère destination plongée de Méditerranée,  offre également le même 1er avantage. Par contre, Malte a pris le parti de fabriquer des épaves artificielles en coulant aux larges de ses côtes des bateaux,  après les avoir dépollués. La Tunisie a donc un net atout. Ces fonds marins sont aussi assez riches, j’en ai fait un livre qui sortira prochainement : “La Tunisie Sous Marine”. Enfin, notre pays possède d’excellents médecins hyperbares en cas d’accidents. Nous avons donc une vraie carte à jouer du côté de la plongée en Tunisie.

Mille et une Tunisie : Quel est, d’après vous, le travail à faire pour changer l’image de ce sport ?

Il faut nettement améliorer le système en procédant à une mise à niveau exigeante des moniteurs tunisiens, en faisant connaître la plongée en Tunisie,  à l’étranger,  via notamment la participation des clubs aux Salons internationaux, en impulsant des activités internationales (colloques, Festival de la plongée, Journées de travail de médecine hyperbare, chasses  aux trésors…) sur notre territoire pour que les magazines spécialisés s’intéressent au pays, en apportant les modifications nécessaires à la réglementation pour que celle-ci facilite et aille dans le sens de ce sport. Enfin, il me semble très important que la plongée soit sous l’égide du ministère du Tourisme et non de la marine nationale,  car la plongée militaire et la plongée touristique ont des préoccupations bien différentes.

Propos recueillis par Aurélie Machghoul

{mainvote}