Et des gens agressifs et hagards sont partout.

Le règne de l’anarchie défigure et révèle une ville pleine de paradoxes. Une ville plus en ébullition et en démolition qu’en révolution. Est-ce de cette incohérence que nous voulons pour notre ville ? Est-ce là l’image que nous voulons donner pour attirer les touristes, les étrangers, les investisseurs, les promeneurs et nous mêmes?

Tunis est en dépression. Abandonnée à elle-même, il y règne une anarchie désolante.  Sous des cieux plus fertiles on assisterait à une révolution culturelle avec son lot d’explosion d’artistes, d’expressions artistiques, de mouvements de jeunes et de revigoration esthétique…En ville, pas l’ombre d’une exposition, pas un graffiti, pas un groupe de chanteurs ou de dessinateurs, pas un cercle de discussion …Le vide sidéral ? Une gabegie époustouflante !

Des marchants ambulants prennent en otage les trottoirs, les commerces et les citoyens. Impossible de marcher, de s’achalander ou de s’y promener …Il a suffit d’une révolution pour que la laideur s’empare de la ville et atteigne rapidement l’intolérable. Si révolution flirte souvent avec anarchie mais, l’une comme l’autre, répondent à une pensée construite, ce qui est loin d’être le cas du centre de Tunis livré aux marchands ambulants et à elle-même.

Aujourd’hui on cite presque plus Bouazizi quand il s’agit du droit de ces marchands à gagner leur vie? Le propos est : Que faire ? Voulez vous que l’on vole ? C’est mieux que rien. Il faut nous donner du travail. Au moins, nous on essaye !

A ce jeu tout le monde y perd. Les commerces font faillite et la ville y perd son âme. Une ligne rouge a été franchie. Tunis est chaotique et affreuse. En n’agissant pas, c’est une responsabilité vis-à-vis des générations actuelles et à venir qui est engagé. La ville est atteinte d’une décrépitude aiguë. Elle, aussi agonise. Que restera t-il de cette ville agréable à vivre le jour où l’on décidera  de la reprendre en main. Combien de temps cela prendra et pour quel résultat ?

Amel Djait

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