Plantés autour  des  postes  forestiers  ou  en  alignement  le  long des  routes,  ils servent essentiellement à faire de l’ombre et à lutter contre l’érosion. Jusqu’à il n y’a très longtemps, on pouvait voir de beaux spécimens du côté de Menzel Bourguiba, Utique, Djerba, Dar Bessel, Bulla Régia,…Souvent ils dessinaient une entrée, mettaient en valeur un monument ou veillaient sur des activités sociales tels que les marchés hebdomadaires.

Depuis la révolution, on observe un vrai massacre à la tronçonneuse des eucalyptus: La Marsa, la Soukra, Bizerte, Nabeul, Mateur, Beja… Nulle part, ces arbres ne parviennent à échapper à une vraie fièvre destructive et massive. Qui y va de son propre avis car l’arbre lui fait de l’ombre ou lui gâche la devanture de son commerce. Qui estime que ces arbres centenaires sont trop envahissants. En ce moment, il ne s’agit plus de taille sévère  mais bel et bien d’une énième opération d’abattage.

Sur les routes, on voit des troncs entiers transportés sans savoir vers où. La plupart du temps, ces arbres finissent en «merdouma» tout juste bons à faire du charbon pour les « chichas « ! Les eucalyptus en particulier et toute la flore tunisienne font partie du patrimoine national. Qui s’en soucie ? Ils sont une des richesses de notre pays. Jusqu’ici utilisé pour la pharmacie, la confiserie et le bois, l’eucalyptus est aussi précieux pour la fabrication du «Miel de Tunisie».

Depuis plus d’un an on parle d’un projet Tuniso-Suisse de production de deux millions de tonnes de bois d’eucalyptus par an du côté de Ghedemasse dans le sud Tunisien. Le projet sans soulever de polémique mettait en avant un investissement de 900 millions d’euros. Tel qu’il a été présenté, il apporterait  de nombreux avantages comme l’exportation, la création d’emplois et la lutte contre la désertification. Toutefois, le grand défaut de l’eucalyptus reste ses grands besoins en eau. Une denrée rare et précieuse en Tunisie.  Le sujet est donc à débattre.

Avec l’annonce de «Virgin Airlines» de  remplacer le kérosène de ses moteurs par du biocarburant à base d’eucalyptus d’ici 2014, les regards que l’on pose sur ces arbres sont en train de changer. Décidément, les eucalyptus qui promettent de faire voler plus propre, moins cher et plus vert vont coûter de plus en plus cher… D’ici là,  la Tunisie n’en aura plus. Au rythme ou on les arrache on aura perdu un couvert végétal nourri pendant 60 ans en moins de 6 mois!

Amel Djait

 

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