Durant les vols, ce sont des casse-croûtes qui sont éventuellement servis à cause de la grève de Tunis Air Catering. A l’arrivée, l’aéroport est bondé, les bagages sortent au compte goutte, les avions font des doubles touchés sans prévenir les clients…

Le cauchemar est-il fini pour autant. Pas évident ! Le parking de l’aéroport de Tunis Carthage est peut être la seule affaire qui marche bien. Les familles qui viennent accueillir les voyageurs sont sûres de renter mais jamais de l’heure à laquelle elles en ressortent à cause des stationnements sauvages qui bloquent véhicules et sorties !

Pour expliquer l’état des lieux, Samir Bouzidi, promoteur d’un événement dédié aux retours des TRE écrit dans un article coup de poing paru sur le site www.jerentre.com  « Les Tours opérateurs étrangers décident un à un d’annuler leurs vols charters vers le pays. Conséquences directes : 50% de vols charters vers la Tunisie en moins pour cet été, des disponibilités principalement en vols réguliers à des prix «caviar»… Jugez plutôt un Paris/Tunis en A/R, du 11 au 31 juillet ne vous coûtera que 1335 euros (2500 dt) sur Tunisair contre au maximum 500 euros (950 dt) l’année dernière. Ajouté à cela, l’emballement des réservations « last minute » chez les touristes et les Tunisiens de l’étranger et vous obtenez pour l’Europe et le Moyen-Orient, des niveaux de prix pour la Tunisie tristement historiques ».

Ce que les stratégies de « yield management » expliquent, les TRE et potentiels touristes ne le comprennent pas. Ces tarifs remplissent de colères et d’incompréhensions. Ils aboutissent à des  renoncements au voyage. Pourtant l’heure est grave. La destination a besoin de chaque client pour faire face au chômage, à la faillite et au désespoir d’un secteur en passe d’être sinistré. Un secteur touristique qui enregistre une baisse de plus de 50% en 2011.

« Il était important pour moi de venir cet été. Je voulais constater de moi-même que la vie reprenait son cours et que tout allait pour le mieux pour ma famille, mes amis, mon pays… », lance, la gorge nouée, Samira Z. à peine arrivée de Marseille. La facture était trop salée par avion. Elle a préféré prendre le bateau.

Comme Samira, de nombreux Tunisiens se décident à la dernière minute. Après une période de doutes, ils ne sont plus que 18% à ne pas renter cet été. Pourtant les statistiques prévoyaient une baisse de 40% des retours des TRE il y a quelques mois selon le représentant de la Compagnie Tunisienne de Navigation (CTN) lors d’un récent point de presse.

Les TRE sont plus d’un million et vivent principalement en Europe. Plus de 10% de la population tunisienne dont le poids économique devient de plus en plus important depuis une dizaine d’années.« Les prix sont insultants. On a l’impression qu’on n’en veut qu’à notre argent. Cette année, c’est nous qui avons besoin d’être rassurés sur notre pays. Pour réponses, nous avons une offre aérienne qui dépasse tout entendement. Comment allons-nous venir ? A la nage ? D’ailleurs, la question n’est pas seulement de prix. Il n’y a tout simplement pas de vols », précise dépité Mourad. Sa mère qui l’attendait impatiemment se serre la ceinture. Les tarifs de cet été 2011 sont exagérés et cela fait des trous énormes dans les budgets. Pourquoi ?

Pourtant du côté du tourisme et au vu du recul de la clientèle européenne, les TRE et le « late bookign » restaient les principales vagues porteuses pour sauver un peu les meubles. Combien même les demandes se multiplieraient, la destination ne pourrait tout simplement plus y répondre. Comble de l’ironie ou du ridicule !

Peut être surtout comble de l’incompétence qui nous mine et mène vers des récifs trop dangereux. Ne dit-on pas à quelque chose malheur est bon. Touchons le fond et bataillons pour l’ouverture du ciel. Celui-ci permettra, espérons-le, l’éclaircie nécessaire en devenant la soupape nécessaire au tourisme tunisien et à son épanouissement.

Amel Djait
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