Programmant le Mali, le Niger, le Maroc, l’Algérie, le Sénégal, la Mauritanie, la révolution a provoqué chez « Croq’nature »   une farouche envie de faire découvrir une autre Tunisie: celle des Tunisiens, loin de l’image du tourisme de masse bon marché.
Ainsi, un circuit en partenariat avec la famille Ben Mna qui réside dans le Sud tunisien est alors conçu. Ali et Barka Ben Mna, leurs 4 enfants Tahar, Fatma, Khalil, Monia et Houda la belle fille sont des bédouins sédentarisés depuis une génération. Leur activité principale est la culture et la production de dattes : la fameuse « Deglet Nour » de Tunisie. Entretien avec Jean Luc Gantheil pour en savoir plus sur le tourisme solidaire et la nouvelle perception que portent les voyagistes du tourisme alternatif sur la Tunisie.
Mille et une Tunisie : Pensez-vous que l’image de la destination Tunisie a changé depuis la révolution?
Jean-Luc Gantheil : Pour nous, tout a fait. Le peuple tunisien, plus que la Tunisie, nous apparait comme le fer de lance des peuples du Maghreb. Jusqu’à présent, il semblait que le peuple tunisien, à part quelques exceptions, prenait sa gouvernance comme un destin. Jeunes et anciens, dans une unité exemplaire se sont levés pour dire » ça suffit « ! C’est une grande preuve de maturité qui donne à la Tunisie, une image très jeune et responsable.  

Mille et une Tunisie : Des voyages solidaires avant la révolution étaient-ils possibles ?

Je ne sais pas. Pour nous et pour beaucoup, l’image du tourisme en Tunisie, était celle d’un tourisme de masse et pas cher. Un tourisme de consommation organisé pour un maximum de rentabilité pour les grands opérateurs.  
Je ne sais pas si le tourisme équitable et solidaire qui cherche à provoquer la rencontre et l’échange entre les peuples en logeant chez l’habitant, n’aurait pas été perçu comme une source de subversions. Quant à permettre un maximum de retombées économiques pour les populations locales, notamment en majorant fortement les rémunérations, je ne sais pas si cela n’aurait  été aussi une source de subversions, car cela entraine en général des contestations salariales dans tout le secteur.

Mille et une Tunisie : Que pensez-vous de la campagne de communication touristique qui a été faite sur le marché français ?
Je n’ai pas très bien suivi. Le peu que j’en ai vu propose des séjours encore moins chers. Il me semble que c’est exactement l’inverse d’une reconnaissance de qualité.

Mille et une Tunisie : Qui sont vos clients ? Pourquoi choisissent-ils ce type de voyages ?
Notre clientèle est composée d’humanistes, de gens qui aiment les gens, de voyageurs curieux qui  aiment s’enrichir d’autres cultures et qui recherchent la cohérence entre leur discours et leurs actes. L’équité est une orientation de vie, la transparence son outil et les actes la concrétisation.

Mille et une Tunisie : Qu’est-ce qui vous a motivé à proposer ce type de voyages ? Votre expérience ? Une prise de conscience ? La rencontre avec les populations ?
Il me semble que dans une vie de qualité, le travail, les loisirs, les relations, doivent être en conformité avec ce que l’on pense. Mes parents m’ont toujours éduqué (culture athée) dans le respect de l’autre et la solidarité entre tous les êtres humains.
J’ai beaucoup voyagé et les rencontres m’ont procuré beaucoup de richesse. J’ai alors voulu faire partager à d’autres mon vécu en en faisant une profession. Avec les années, l’expérience m’a permis de structurer ce qui était un désir en outil.

Mille et une Tunisie : Doit-on parler de tourisme ou de militantisme ?

Les deux. Le tourisme (ou le voyage) si on le voit comme un moyen de rencontre entre les êtres humains associé à la découverte d’une planète exceptionnelle de diversité et non comme une industrie qui produit des séjours à la chaine en « copier coller d’un bout à l’autre de la terre », est un moyen magnifique de rencontres, de tolérance et de liens entre les êtres humains.
Il ne s’agit nullement d’une utopie mais du seul avenir possible. L’équité ne doit pas se limiter au tourisme mais à l’ensemble des rapports entre les êtres humains.

Mille et une Tunisie : Pourriez-vous résumer votre parcours ?

J’ai voyagé en Afrique après le bac (que je n’ai pas eu). J’ai ensuite travaillé dans le tourisme social (moniteur de ski, animateur, gestionnaire de centre de vacances, etc.), puis ouvert un magasin de produits biologiques et commencé les premiers séjours « Croq’Nature » pour des enfants en France.
J’ai ensuite commencé les premiers voyages dans le sud algérien en 1987 dans ces fameux principes que l’on nomme aujourd’hui « Tourisme équitable et solidaire ». « Croq’Nature » est le premier opérateur à avoir mis en place ce principe.

Mille et une Tunisie : Comment voyez-vous l’évolution de cette forme de tourisme dans les quelques années à venir ?

Ce tourisme suivra l’évolution de la mentalité des êtres humains. Si on reste dans la course à la consommation et donc  dans la recherche du coût le moins cher, quelqu’ en soient les conséquences, ce tourisme restera marginal. Si par contre, de plus en plus d’êtres humains prennent conscience que chacun de nos actes engendrent une solidarité ou une exploitation, alors ce tourisme, comme d’autres secteurs de l’économie, peuvent connaître une vraie évolution.

Par contre, il est certain que les grands opérateurs avides de récupérer cette « part de marché » vont tout faire pour créer des produits qui s’appuieront sur cette éthique mais qui ne seront qu’un moyen de gagner plus car ces produits seront plus chers sans que les salariés en profitent. Le seul capable d’engendrer une offre de qualité, c’est le touriste lui-même. C’est lui qui achète son séjour et il doit EXIGER une totale transparence sur la répartition financière du coût d’un voyage.

Pour en savoir plus sur les voyages en Tunisie de Croq’Nature :

site : http://www.croqnature.com/tunisie.htm

Idée circuit :
De Zaafrane aux grandes dunes d’Omtoba
8 jours de voyage, dont 4 jours 1/2 de randonnée chamelière facile (3 à 4h de déplacement par jour) à pied ou à dos de dromadaire en compagnie de la famille Ben Mna, pour vivre l’aventure d’une caravane.
Jour 1 : vol France – Djerba : accueil à l’aéroport et transfert à Zaafrane (3h30 de route) dans la maison familiale Ben Mna .
J2 : Zaafrane – Bir Belgasem : départ de la caravane à travers de petites dunes parsemées de touffes d’herbe jusqu’au puits de Belgasem. Bivouac sous les palmiers.
J3 : Bir Belgasem – Omakhenda : les dunes s’élèvent et la végétation disparaît peu à peu. Passage au village abandonné envahi par le sable et bivouac à proximité du puits et du tombeau d’un marabout.
J4 : Omakhenda – Omtoba : suite de la caravane à travers l’erg pour atteindre les grandes dunes d’Omtoba (50m).
J5 : Omtoba – Kédou Skhar : matinée libre dans les dunes au  gré  des envies de chacun (vous pourrez notamment découvrir les bains de sable). Le bivouac du soir retrouvera un peu de végétation pour vos dromadaires.  
J6 : Kédou Skhar- Zaafrane : arrivée à la maison pour le déjeuner. L’après midi, vous rejoindrez en taxi la petite ville de Douz (10mn) pour une bonne séance de hammam (4 €) et découvrir l’artisanat local. Retour à la maison.
J7 : Zaafrane – Djerba : visite des palmeraies familiales le matin et départ pour Djerba après le déjeuner. Dîner et nuit dans un petit hôtel avant Djerba.
J8 : transfert à l’aéroport et vol retour.

Prolongation : vous pouvez prolonger votre séjour de un ou plusieurs jours dans la maison de la famille et notamment entre le 15 octobre et la fin décembre pour participer à la cueillette des dattes.

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