Quatre mille touristes à bord des deux navires de croisière « Aida Bella » et « Eurodam » ont accosté au Port de la Goulette la semaine dernière. Qu’ont-ils fait ? Combien ont-ils dépensé ? Qu’ont-ils apporté à l’économie tunisienne ? Quelle offre avons-nous réellement à leur donner ?La Tunisie a enregistré autour de 900 mille visiteurs en 2010. Peut-elle faire plus et mieux ? Assurément.

Au-delà du signe réjouissant d’une reprise de l’activité de croisière dans notre pays, il reste à reconsidérer l’approche tunisienne pour ce secteur. En une journée, un flux important se déverse sur la capitale et sa banlieue nord pour quelques heures qui offre si peu de choix et de produits.

La Goulette, le Kram, Carthage, la Marsa et Tunis sont encore des destinations inconnues pour les croisiéristes. La fermeture du Bardo dissuade les plus enthousiastes de se rendre en ville. A part Sidi Bou Saïd, presque aucune destination ne tente. Rien que l’arrivée dans le parking de Sidi Bou Saïd avec ses étalages de chinoiseries de mauvais goût ferait fuir les plus téméraires. Dommage ! Il faut sévir, nettoyer, restructurer et se préparer à des lendemains meilleurs. En espérant que le musée du Bardo, qui ouvrira ses portes dans un an, devienne un véritable argument de promotion et de vente. Il serait utile de travailler sur des concepts « tourisme et shopping », « tourisme et culture », « tourisme et art de vivre »…

En attendant, on pourrait se contenter d’éviter les images folkloriques de mauvais gout avec deux dromadaires et une danseuse mal habillé et sa gargoulette ! Des jeunes étudiants avec pinceaux, plumes et canson feront le plus beau des accueils. En attendant de repenser un vértbale produit pour ce tourisme, il y’a plusieurs pistes à explorer pour proposer une image authentique et valorisante de la Tunisie.

Ces dernières années, la croisière s’est métamorphosée. Le produit ne s’adresse plus à une clientèle élitiste et âgée. En se démocratisant et avec les avancées techniques et technologiques, les bateaux deviennent de plus en plus imposants, générant de gros bénéfices. Ce marché est une opportunité que Tunis devrait vraiment promouvoir en développant une vraie offre enrichie et multiple. Au lieu de cantonner les croisiéristes dans le port, il faudrait plutôt multiplier les arguments et faire profiter la région entière de la prospérité qui en découlerait. Tout est à dynamiser : des casinos, des boutiques de luxe, des galeries d’art, des restaurants, des musées… mais pas seulement !

Selon certaines sources, la moitié des croisiéristes ne daignent pas descendre du bateau. Il faut reconnaitre qu’à bord de ces hôtels ambulants, les services sont nombreux et de grande qualité. Le prix des croisières reste tout de même assez cher et pousse les clients à choisir parmi les escales les plus incontournables. Celle de Tunis n’en fait pas encore partie.

De par sa position en Méditerranée, la Tunisie possède une carte maîtresse qui vaut son pesant d’or pour le tourisme de croisières. Destination idéale, qui offre la possibilité de travailler 8 mois sur 12, la Méditerranée enregistre une forte augmentation de l’activité. Les destinations misent massivement sur ce secteur et essayent de multiplier des ports de renom comme ceux de Barcelone, Nice, Naples… Il suffit de travailler à y placer Tunis.

« Mille choses à la fois. Non pas un paysage, mais d’innombrables paysages. Non pas une mer, mais une succession de mers. Non pas une civilisation, mais plusieurs civilisations superposées… La Méditerranée est un carrefour antique. Depuis des millénaires, tout conflue vers cette mer, bouleversant et enrichissant son histoire ». Cette description de Fernand Braudel pour qualifier la Méditerranée résume l’attrait que peuvent y trouver les voyageurs.

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