Plus question de stagner, il est temps de bouger et d’agir. Et c’est en coordonnant leurs efforts avec l’association « Sahara Espoir » qu’ils ont pu aider des familles démunies. Mieux encore ! Ils s’apprêtent à accueillir une famille de réfugiés libyens dans leur gîte. Interview de deux passionnés au grand cœur grand comme le Désert.


Mille et une Tunisie : Pourquoi avez-vous décidé de vous impliquer dans des actions caritatives?

L’été dernier, Sylvie Eudeline, la fondatrice de l’association « Sahara Espoir » est venue chez nous en tant qu’hôte. Elle nous a parlé du combat qu’elle mène pour soutenir et aider les porteurs de projets tunisiens. Depuis, nous sommes restés en contact. Suite aux derniers événements en Tunisie, elle nous a appelés pour nous dire qu’elle avait des dons qu’elle voulait remettre à des gens nécessiteux. C’est là que nous avons commencé à nous impliquer. Nous avons d’abord sélectionné 6 familles vivant très en dessous de la moyenne. Cinq d’entre elles habitent au village de Mdhilla et une dans le Djebel du village de Ségui. Nous leur avons distribué des denrées alimentaires (pâtes, huile, concentré de tomate, lait, etc.) Le pire avec ces familles c’est que les hommes travaillaient presque tous en Libye. Avec la révolution libyenne, le génocide perpétré là-bas et les mauvais traitements infligés aux tunisiens, tous ont du quitter la Libye précipitamment et n’ont même pas eu leur dernier salaire. C’est dire l’ampleur de la catastrophe avec des centaines de familles aujourd’hui privées de leurs sources de revenus.
Dans notre souci d’aider le plus de gens possible, nous nous sommes portés volontaires pour accueillir chez nous une famille de réfugiés libyens. Nous leur offrirons le gîte et le couvert le temps que les choses se calment et qu’ils puissent retourner dans leur pays.

Mille et une Tunisie : Avez-vous peur de l’avenir ?
Certainement que nous avons peur. Mais lorsqu’on voit l’afflu massif des réfugiés et l’ampleur de la catastrophe qui se profile à la frontière tuniso-libyenne, on relativise. C’est l’impression très désagréable d’être ignorés par la communauté internationale qui est la plus dure à gérer.
Pour en revenir au gîte, heureusement qu’il ne représente pas notre principale source de revenus. Nous avons dès le début décidé de ne pas compter sur un revenu touristique pour subvenir à nos besoins car on ne sait jamais… Avec la baisse conséquente du nombre de clients, ce n’est pas à nous que nous pensons mais aux femmes des campements qui animaient des stages de poterie et de tissage. Même si cela ne leur rapportait pas grand-chose mais au moins elles étaient heureuses de pouvoir acheter un petit vêtement de temps en temps à leurs enfants.

Mille et une Tunisie : Véronique, face à l’incertitude de l’avenir qui se dessine en Tunisie, ne préférez-vous pas retrouver la quiétude de la France ?
Jamais de la vie ! D’abord parce que j’ai été accueillie en Tunisie comme jamais je ne l’aurai été en France. Je ne parle évidemment pas des sourires qui enthousiasment tant les touristes. Je parle de la chaleur humaine, la vraie que j’ai rencontré ici. Ensuite, en pensant à la Tunisie, une chanson de Christophe Maé me revient sans cesse : « C’est ma terre où je m’assois
ma rivière, l’eau que je bois, qu’on n’y touche pas. C’est mes frères autour de moi, mes repères et ma seule voie, qu’on n’y touche pas. » Jamais je n’abandonnerai mes frères et surtout pas quand ils ont le plus besoin de moi.

Mille et une Tunisie : Dorénavant, comptez-vous vous impliquer plus dans le domaine caritatif ?
Oui, nous espérons adhérer au volet soutien des projets de l’association « Sahara Espoir ». Nous comptons également nous impliquer plus pour un éco-tourisme durable en Tunisie en adhérant à un projet d’association en cours.

Propos recueillis par Rym Benarous

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