Il va de soit que ne sachant rien ou si peu sur cette belle région, vous prévoyez d’y faire une halte technique ou aux mieux d’y passer une nuit réparatrice. Située à proximité de la porte du désert de sable Douz, Matmama est desservie par sa position géographique. Il est vrai que par beau temps, on voit la mer en haut, sur les collines.

35 kms séparent Matmata de Gabes et à un peu plus de Djerba et de ses plages dorées. On s’y arrête peu. Dommage ! Pourtant Matmata a un charme inconnu. Une région unique.

Au lendemain d’une nuit reposante à Trait-d’Union, le premier troglodyte d’hôte du pays, partez à la découverte des environs à pied. Il convient de se perdre et de découvrir les marabouts parsemés autour du village. Sachez que les propriétaire de la maison d’hôtes sont en train de tracer des circuits pédestres, pour tous niveaux, allant de 1 à 6 heures de randonnée à travers les « tabias »,  par l’oued, les long des gorges et des marabouts  à la découverte des troglodytes abandonnés. Une version rando VTT et “trek” cheval sont aussi à l’étude. Si vous êtes muni d’un appareil photographique, demandez la permission avant de commencer à mitrailler les gens et les édifices.

Selon Wikipedia : « Matmata est le nom d’une tribu berbère qui est elle-même descendante des Temzit et longuement décrite par Ibn Khalodoun dans son ouvrage Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l’Afrique septentrionale. Originaire du Maroc, elle fonde, près d’une source thermale, la ville de Hamma Matmata (actuelle El HAmma). Elle est contrainte de la fuir au cours des invasions des Hilaliens et fonde l’actuelle Matmata dans les montagnes avoisinantes qui portent le même nom. Toutefois, on n’y parle plus berbère, ce qui est encore le cas dans les villages voisins de Taouejjout, Tamezret, Techine et Zrawa. ». Pourtant, en m’y promenant et prenant contact avec les gens, on citera plusieurs mots berbères et on écrira aussi mon nom dans cette langue. Ce fût une vraie curiosité !

En voiture, prenez le temps de partir à la découverte de Tamezret. Le village perché est absolument ravissant et il serait inconcevable de rater le petit et insolite Musée privé de Mongi Bouras, Dar Tamezret. Une occasion unique pour acheter de splendides babouches typiques et brodées main. Les artisans des alentours déposent chez Mongi le fruit de leur travail. Admirez la finesse des tissages, la délicatesse des broderies et la magnificence des couleurs.

Pour vous restaurer, ne jouez pas à la fine bouche. Achetez du pain frais et prenez un bon thé rouge avec les habitants. Attendez que l’on vous y invite ! Le village ne pilule pas de restaurants mais un charmant petit café vous permettra d’en prendre, s’il venait vraiment à vous manquer.

De retour à Matmata, sur la place, un restaurant typique sert un bon couscous à l’agneau. Le couscous de l’hôtel « Marhala » est le même depuis plus de 30 ans. Pas forcément le meilleur de la région, mais pourquoi pas ? Si vous avez encore le temps, mettez le cap sur Toujane ou bien attendez demain.Toujane vaut vraiment le voyage. Ce village est probablement le plus beau village de Tunisie. Merveilleusement préservé, au dernier recensement, il était composé d’à peine 700 habitants. A ce jour, près de 200 maisons sont inhabitées, mais aucun étranger n’est autorisé – par les villageois- à acheter.

Divisés en deux parties, la partie commerçante du village s’appelle »Ifsyl » et l’autre « Taicha ». A peine arrivé, on vous proposera de l’huile d’olive à acheter. Par curiosité, allez quand même admirer le moulin de Khatrouche Mokhtar, où l’on presse encore les olives récoltées à Toujane. Sachez seulement que c’est le miel qui vaut le détour. Exceptionnel, il est produit dans les environs.

Toujane est aussi synonyme de tissages et de broderies. Fortement réputés à travers le pays, les « kilims », « baknougs »et « mergoums » de Toujane sont de très haute qualité. Brodés et tissés par les femmes du village, ils sont souvent achetés par des grossistes qui les revendent dans les  principales villes du pays. Ces tapis reflètent l’identité et l’âme du village et de ses habitants. Il n’est pas rare qu’une broderie résume la vie de la tisseuse. Elle y consignera la date de son mariage, y rajoutera la date de la naissance de son premier enfant, ou la triste mort d’un proche.

Désormais, il y’a diverses possibilités d’hébergements à Toujane chez l’habitant (Dar Toutai, Relais Kilnai, auberge de la Montagne…Mais Matmata n’est pas si loin. Surtout qu’à la nuit tombée, le village devient lunaire. Ici, plus que nulle part ailleurs, le bleu du ciel est limpide et les étoiles brillent ardemment.

Observez bien les environs, vous constaterez rapidement que le village, qui a subit un dépeuplement massif et un abandon presque total des maisons troglodytiques, est à nouveau encerclé. Des habitations modernes poussent aux alentours de l’habitat traditionnel au risque de le défigurer. D’un autre côté, la population semble bouder à nouveau Matmata-Nouvelle et revenir vers le lieu de ses origines. Un véritable dilemme se pose…En attendant, profitez de ce paysage d’exception. Il est de plus en plus menacé.

Sachez que ces habitations si particulières se trouvent principalement autour du Bassin méditerranéen. On y enregistre la plus forte densité et la plus grande diversité d’habitats creusés du monde. On retrouve  ces habitations en Grèce (’île de Santorin), en Italie (Matera, Massafra, Bari, Pantalica, en Libye, en Jordanie (Pétra), en Turquie (Cappadoce), en Espagne (Andalousie, Valence, mais aussi Aragon) et finalement en France. Dans de nombreuses de ces régions, cet habitat traditionnel et historique est transformé en hébergement touristique.

Amel Djait – Photos et © Ambre Courbot-Ludwiczak sauf la n°5


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