Mille et une Tunisie a rencontré l’artiste à la veille de son départ et tenté un arrêt sur iMAGEs en compagnie de la belle chasseresse d’âmes. Zoom sur une artiste hors du commun.
Mille et une Tunisie : Qu’est-ce que la vitesse pour vous ?
Aïcha Skandrani : Elle est mon support, mon moyen de transport, mon objectif. Je prends des clichés à toute vitesse, soit en avion (au décollage ou à l’atterrissage), en voiture, en train… toujours en mouvement. La vitesse pour moi est lumière, qu’elle soit artificielle (éclairage de nuit) ou naturelle (celle de l’eau).
Mille et une Tunisie : Pour quelle raison ce recours à la vitesse ?
C’est pour faire un parallélisme entre le voyage terrestre et le voyage spirituel. Le mouvement me permet de capter la lumière qui me renvoie des symboles. Mon message? Rappeler que les choses sont parfois devant nous, alors qu’on ne les voie pas, ancrés que nous sommes dans la matière, nous qui sommes pourtant faits d’esprit plus que de chair.
Mille et une Tunisie : D’où le nom de votre expo personnelle en Septembre dernier «Trans(e) images express» à la galerie Le Damier ?
J’ai fait cette première expo personnelle dans un esprit de partage et d’échanges avec l’Autre, autour d’une trilogie : Suggestion, Contemplation, Fabulation. Ce qui m’a le plus réjouie, ce sont les réactions et questionnements du public, non seulement sur les photos en elles-mêmes, mais aussi sur l’ordre de leur emplacement, car j’ai commencé avec la photo n° 33, le passé, pour mieux comprendre le présent et l’avenir (à venir). Le symbole du 33 est très présent dans ma démarche, tout comme le 3, à l’image des Prophètes des gens du Livre.
Mille et une Tunisie : Peut-on parler d’une technique propre à Aïcha Skandrani ?
Disons que c’est une nouvelle technique, qui s’appuie sur la vitesse de la lumière. Je ne retouche jamais mes photos, dont je surveille le développement et dont je choisis soigneusement le « technicien ». J’ai été encouragée à organiser une exposition personnelle par Mohamed Ali Essaâdi qui a été séduit par mon travail !
Mille et une Tunisie : Mohamed Ali Essaâdi le photographe galeriste ?
Oui. C’est grâce à lui que j’ai été invitée au Salon d’Art Contemporain, Place aux Artistes sous l’égide de la galerie Arcimia. C’est lui qui a montré mon travail au directeur de la galerie, qui a tout de suite accroché. J’ai été sélectionnée pour ce salon d’Art Contemporain et pour une exposition personnelle au cours de l’année 2011.
Mille et une Tunisie : Qu’est-ce que la photo pour vous ?
De l’art, mais pas que… C’est d’abord le plaisir de l’œil, de l’art abstrait, mais aussi et avant tout une méditation, état dans lequel je suis chaque fois que je prends une photo. Je fais toujours beaucoup de recherches sur les symboles (grecs, religieux, lunaire…). J’essaie de mettre en place un langage de la lumière pour aider les gens à avoir une prise de conscience de ce qu’ils ne peuvent voir sans le détour d’un cliché, car l’Homme a besoin de voir.
Mille et une Tunisie : Seulement à travers le prisme de l’image ?
Non. À travers l’écriture aussi, via des poèmes que je publie avec mes photos dans le blog d’Immagine e Poesia, mouvement artistique littéraire (fondé par Aeronwy Thomas, fille de Dylan Thomas) , dont je suis membre, représentant la France et la Tunisie. Le dernier en date ? “Les trois”, poème et image. Sans oublier mon blog, bien sûr et le groupe Facebook que j’ai créé: If we all see the same light how can we be different!
Ancrée entre ciel et terre dans un entre-deux mondes au 3e œil toujours en alerte, cette photographe ésotérique du non visible – voire de l’unvisible – exposera aussi à la Galerie Arcimia à Paris courant Mars 2011, avant de s’envoler pour New-York. À suivre… à la vitesse de la lumière!
Propos recueillis par Aisha Ayari
* « Trans(e) images express », titre de l’exposition personnelle à la Galerie d’art et d’essai Le Damier, Mutuelleville, du 17 au 25 septembre 2010
En savoir plus :
Salon d’Art Contemporain de Paris : Place aux Artistes
La page Facebbok d’Aïcha Skandrani
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