La Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie (FTH) a voté pour compléter son Conseil National (2017-2020) durant une Assemblée générale ordinaire élective qui s’est tenue le 6 janvier 2017. En attendant l’élection du prochain BE, des présidents des commissions et d’un nouveau président, un vent de fraîcheur et d’optimisme souffle sur la profession. Une profession mise à mal par un contexte moribond, un fracassement du modèle économique en place, des mutations profondes dans l’industrie et une image de destination touristique et du pays plus ternies que jamais. Par Amel DJAIT

La nouvelle équipe qui est entrain de prendre en main la FTH prend le relais sur une ancienne qui a clos son mandat et dont le bilan vaut à peine qu’on s’y arrête. Il faudra cependant lui reconnaître qu’elle a semé la graine de la transformation. Et ce n’est pas peu !

La FTH «révolutionnaire» et/ou «new generation» a bataillé dans les coulisses pour exprimer ses besoins de réformes et de revitalisation d’une filière sous perfusion. Avant de reconstruire, réinventer l’hôtellerie et participer à bâtir le tourisme tunisien, celle-ci va devoir amputer, nettoyer, désinfecter, dialoguer, associer, proposer, fédérer, moderniser, monter en gamme, promouvoir,….La FTH va devoir se solidifier et se solidariser. Un changement de mentalité difficile, surtout en temps de vaches maigres, mais tellement essentiel pour sauver l’héritage.

Réussir la transformation d’une structure aussi sclérosée que la FTH est un défi énorme. Même si des voix audacieuses et hyper enthousiastes dont celle de Mouna Ben Halima (fraîchement élue au CN) sont un élixir de jouvence, il n’en reste pas moins vrai que la nouvelle «dream team» avance sur un champ miné par de trop nombreuses batailles perdues. Slim Dimassi, ancien membre du Conseil National est un heureux-prudent. Nouveau Président régional de la FTH de Monastir, il connait la structure de l’intérieur et sait  parfaitement que bien qu’unique interlocuteur de l’administration, celle-ci est menacée par de nombreuses autres initiatives et par ses propres échecs.

Convaincu que de nouveaux rapports sont à (re)construire avec l’administration, mais aussi entre les adhérents et à l’internationale, Slim Dimassi estime que « l’énorme chantier demande de la disponibilité, de la vision et des moyens. Cela exige d’établir un dialogue de fond, de mettre en place des mécanismes d’engagements et de transparences. Il faut aussi s’attaquer et de front aux questions douloureuses que tout le monde redoute». S’il ne fait aucun doute que la FTH est un outil à fort potentiel, tout le monde convient qu’elle est une coquille vide dont l’image est ternie et le discours inaudible. Utilisée comme faire valoir, et comme une béquille à une administration dépassée, la FTH est surtout l’instrument de sa propre marginalisation et le reflet de sa défaillance!

fth1L’avantage avec l’équipe rentrante de la FTH est qu’elle au fait de l’état des lieux. Qu’elle ignore ou néglige un large pan de rapports passionnels entre la profession et l’administration, il est établi qu’elle veut en changer les statuts, élargir les adhésions, autonomiser les régions, revoir la qualité de prestations, faire du lobbying, …A ce jour, elle sait aussi que le temps du soutien indélébile au secteur est révolu. Si l’Etat s’est engagé à créer et soutenir un capital hôtelier national au lendemain de l’indépendance, le contexte actuel est autrement plus sévère, pour ne pas dire réfractaire. Et de cela aussi, la nouvelle équipe est consciente !

Cette conscience est un acquis considérable pour avancer avec une administration qui se débat avec ses propres fantômes et une opinion publique fortement hostile. Et comme les résistances ne viennent toujours pas de là où on les attend, des voix dissonantes tentent déjà de jeter du discrédit sur la démarche et la nouvelle équipe avant qu’elle ne commence à travailler.

Alors que les élections sont, en principe, une étape de mobilisation et de renouveau, les bruits de couloirs n’augurent déjà pas d’un lendemain solidaire. Certains qualifient l’arrivée des jeunes d’un «coup d’Etat intergénérationnel » pour reprendre le mot de Hédi Hamdi dans son article sur Destination.info. Ils estiment que ce pseudo-coup d’état s’est fait de manière assistée et téléguidée par ceux la même qui en ont toujours bloqué l’envol!

FTH: Le nouveau tempo

Pour l’heure, une page est tournée et la FTH est en marche. Aux commandes, l’équipe est formée, pragmatique et affiche de grandes ambitions. Forte de nombreux soutiens dans les régions, d’où a soufflé les prémices de la contestation, elle se réjouit que ceux qui la boudaient ont rejoint ses rangs. Boostée, la FTH au 31/12/2016, enregistre presque 300 hôteliers actifs. En termes de proportions au nombre de structures en exploitation, cela avoisine les 70% d’adhésion !Et c’est énorme !

Pour finir, toute porte à croire que l’équipe entrante serait en voie de choisir Khaled Fakhfak en tant que Président de la FTH. Fils de feu Mokhtar Fakhfakh, figure de proue de l’économie tunisienne, ce dernier a hérité d’un hôtel actuellement en location. Khaled Fakhfakh a fait carrière dans le secteur bancaire et gère actuellement un fond d’investissements . Sa prochaine arrivée ne fait pas plaisir à tout le monde et certains acceptent difficilement qu’un non hôtelier les représente !

Pour le coup, le futur Président saura prendre à bras le corps un dossier déterminant, celui de l’endettement, du financement du secteur, de l’investissement touristique. Khaled Fakhfakh peut compter sur une équipe volontaire, respectueuse de ses aînés et très probablement en harmonie avec la reconstruction de cette Tunisie post 14 Janvier.

Il ne fait aucun ne doute que la bataille sera rude car c’est le choix même du Tourisme en tant que pilier de l’économie tunisienne qui est en jeu. Sa faillite sert d’alibi à ses détracteurs pour une mise à mort irréversible. Pour le moment, gageons que l’énergie portée par une équipe qui ressemble à cette Tunisie en devenir saura porter la foi et la voix d’un avenir plus radieux et serein.