Sfax était jusqu’ici connue pour son dynamisme économique. Grâce à l’ALECSO, en 2014, un nouveau rôle lui a été attribué celui de capitale de la culture arabe pour l’année 2016. C’était là une opportunité pour la ville de  se doter d’infrastructures culturelles pérennes. Par Edia LESAGE

Et on avait cru que les dispositions pour honorer ce rôle avaient été prises à temps : nomination d’un comité exécutif en décembre 2014 (présidé par Samir Sellami, industriel et collectionneur) ; approbation d’un programme en 2015 ; accord de principe du gouvernement pour augmenter le budget en janvier 2016 à environ trente millions de dinars ; présentation le 13 juillet 2016 du programme des manifestations prévues entre le 23 juillet 2016 (ouverture) jusqu’en mars 2017.

Mais ce n’était qu’une apparence.

Le Comité initial en butte à de multiples pressions a démissionné en avril 2016, sans avoir été remercié et un nouveau comité composé des instances régionales du Ministère de la Culture a été nommé. C’est ce comité qui a présenté le programme : inauguration avec concerts populaires et  lancement de Montgolfières, festival international avec des vedettes arabes telles que Najoua Karam, Cheb Khaled, Saber Rebaï et autres, semaine culturelle algérienne, concerts et conférences internationales et, surtout, amélioration des infrastructures culturelles de Sfax.

Sfax, ville universitaire, manque cruellement d’infrastructures culturelles.

Cette  amélioration des infrastructures consistait : à la mise en valeur des remparts de la médina ; la restauration et le réaménagement de l’école husseïnite en école pour les métiers artisanaux ; l’aménagement du « Chott El Kerkni » avec café culturel ; la transformation de l’ancienne cathédrale désaffectée depuis plus de cinquante ans en espace culturel polyvalent (salle de spectacle, médiathèque). Un projet « de grande qualité » selon  Mourad Fendri, membre du comité, « qui se poursuivra tout au long de l’année ».

A quelques jours de la fin de l’année 2016, grande est notre désillusion.

L’ouverture de la manifestation  a été un fiasco heureusement peu médiatisé (les montgolfières ne se sont jamais élevées dans les airs…) la semaine algérienne s’est convenablement déroulée mais sans médiatisation. Quant aux infrastructures nous en sommes au point zéro : aucun des projets prévus n’a dépassé le stade de l’esquisse. Seul, le projet de conversion de l’ancienne cathédrale en  espace multimédias, financé sur le Titre II du Budget de l’Etat, est arrivé au stade de l’appel d’offres.

Les travaux d’aménagement de l’esplanade devant l’édifice ont eu lieu pendant l’été 2016 mais les travaux d’aménagement intérieur n’ont toujours pas commencé.

Que s’est-il passé ? Le Ministère de l’équipement, maître d’ouvrage délégué se dit prêt à assurer son rôle dès que le Ministère de la Culture, maître d’ouvrage lui en donnera l’ordre. Le Ministère de la Culture, lui, ne dit rien.

Et le temps passe, le temps presse ! Faute d’engager les travaux avant le 14 décembre 2016, le budget prévu, considéré comme inemployé au titre de l’année 2016, sera retourné au Ministère des Finances. Sfax aura perdu une belle opportunité de se doter d’une infrastructure culturelle pérenne et ne sera la capitale arabe que de quelques manifestations culturelles éphémères. Dommage !